21 nuits avec Pattie, comédie sensuelle et métaphysique

21 nuits avec pattie poster

21 nuits avec Pattie

d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Comédie

Avec Isabelle Carré, Karin Viard, André Dussolier, Denis Lavant

Sorti le 16 décembre 2015

Le cinéma des frères Larrieu est fait de décors champêtres, d’évocations nettement sensuelles et sexuelles, de personnages qui se libèrent au contact d’autres et de digressions oniriques. 21 nuits avec Pattie apparaît en cela comme un condensé de leurs thèmes et particularités, tout en ayant recours au pouvoir comique des mots, plus que d’habitude.

Caroline, parisienne quarantenaire et mère de famille, débarque en plein été dans le sud de la France pour s’occuper de l’enterrement de sa mère, avec qui elle n’avait presque plus de contacts. Accueillie par la voisine Pattie, qui lui raconte ses aventures sexuelles torrides comme si de rien n’était, Caroline s’intègre tant bien que mal dans cet univers décalé et libéré, le temps de quelques jours. Mais alors que l’enterrement est imminent, la dépouille de la mère de Caroline disparaît mystérieusement.

Il y a bel et bien une dimension de mystère, de whodunit, dans 21 nuits avec Pattie, mais cet aspect n’est abordé que de manière dilettante par les frères Larrieu, qui procédaient déjà de la sorte dans leur précédent film, L’amour est un crime parfait. La résolution de ce mystère – le cadavre a-t-il été enlevé par un nécrophile, pour une farce macabre, ou a-t-il été happé par une force surnaturelle ? – importe donc beaucoup moins que le développement des différentes pistes qu’il amène.

Ce qui intéresse les Larrieu, c’est ce trouble, ce déséquilibre constant que produisent des personnages secondaires et un environnement particulier sur un personnage étranger et néanmoins central. C’est aussi la drôlerie et la puissance des mots crus déblatérés par Pattie puis par d’autres sur des délires sexuels qui ressemblent de plus en plus à des jeux étranges et ritualisés. C’est enfin le recours au conte et au métaphysique, jusque dans des citations explicites du Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul, preuve que le cinéma est une matière vivante et qu’un film peut vite devenir une référence assimilable, quelle que soit sa provenance et son ancienneté.

Ce qui frappe le plus dans 21 nuits avec Pattie, c’est l’aptitude du film à faire rire et à charmer avec des thèmes qui sont généralement traités sur un mode glauque, particulièrement dans le cinéma français. La sexualité n’est ici jamais vectrice de problèmes ou de questionnements psychologisants, elle n’est qu’un outil de libération et d’épanouissement. Un sujet aussi délicat que la nécrophilie – surtout dans une comédie – est évoqué de manière poétique et totalement inédite, sans jamais que l’on soit dans la cruauté ou l’ironie. Il y a assurément de la bienveillance chez les Larrieu, même dans les endroits les plus insoupçonnables.

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