Zurich de Sacha Polak

zurich affiche

Zurich

de Sacha Polak

Drame

Avec Barry Atsma, Waléra Kanischtscheff, Tristan Göbel

Sorti le 17 juin 2015

Une femme perdue après la mort de son conjoint erre sans but le long des freeway, et tente par ce biais de se reconstruire. Deuxième film de la jeune réalisatrice néerlandaise Sacha Polak, Zurich est un film froid et austère qui aborde de manière brutale la question du deuil et de l’abandon, avec toutes les étapes que cela entraîne: tristesse, perte de repères, tentative de reconstruction… mais sans jamais apporter de réponses, ni de jugement sur les actes désespérés de son héroïne.

La froideur d’un début d’hiver, le vacarme des voitures et poids lourds qui roulent à toute vitesse, l’asphalte noir et humide, et le ciel sombre qui surplombe le tout. C’est dans cet environnement que déambule Nina la trentaine, mine fatiguée, qui hèle les camions comme des taxis afin de se faire prendre en stop. Mystérieuse Nina qui passe de camions en camions, d’aires d’autoroutes en chambres d’hôtels médiocres. Qui est cette femme qui semble rechercher une présence dans les inconnus qu’elle côtoie le temps d’un trajet ? Que s’est-il passé pour qu’elle en arrive là ?

Le film nous l’apprend en deux parties chronologiquement inversées. La première, Hund (chien en allemand) nous montre l’errance de Nina et la douleur qu’elle porte en elle suite au décès de son compagnon, les galères suite à ses conditions de vie : les routiers, le manque d’intimité, la solitude et la rencontre avec un homme. Un routier avec qui elle va partager sa vie, le temps d’une courte période. Cet homme qui lui fait revivre des sensations oubliées, celles d’un amant, d’un ami, d’une famille. Mais le passé n’est jamais bien loin, et tout ne se passe pas toujours comme prévu.

C’est justement dans la seconde partie, Boris (du nom de son conjoint disparu) que nous comprenons ce passé. La trame se dénoue au fur et à mesure et les zones d’ombres s’éclaircissent.

Tout s’enclenche avec l’annonce du décès, nous découvrons alors que le défunt avait une double vie, et que Nina et leur petite fille vivaient dans l’ombre d’une autre famille. Comment surmonter ce deuil en marge des autres, quand on est « l’autre », la maitresse, l’inconnue ?

Après le choc de cette nouvelle, Nina commence à sombrer et la douleur aidant, commet des actes difficiles à comprendre et à accepter pour la plupart des communs. Se retrouvant dans cette position de marginale, elle décide donc de s’oublier afin d’oublier sa douleur.

Filmé de façon intimiste au plus près de la chair et des émotions de son actrice principale, Sacha Polak laisse le spectateur en témoin impuissant face aux choix de Nina. En effet, on ne peut se mettre dans la peau de cette femme qui perd le contrôle au fur et à mesure, la photographie crépusculaire et le décor terne des autoroutes aidant à garder cette distance.

Et pour incarner cette femme à la dérive, la réalisatrice a choisi Wende Snijders, chanteuse populaire aux Pays-Bas, excellente à contre-emploi pour son premier rôle au cinéma. Une performance qui ne nous laisse pas indifférent une fois le film terminé.

A propos Rémi Calmont 5 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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