Yasmina Khadra nous parle de la jeunesse perdue au Bozar

Ce mardi 2 octobre, malgré les grèves et le froid, le Hall Horta des Bozar est rempli, la salle est comble. Il est 19 heures et les chanceux qui ont réussi à obtenir une place – car la conférence affichait déjà complet il y a deux mois –  attendent avec impatience l’arrivée du célèbre écrivain et ancien candidat à l’élection présidentielle algérienne Yasmina Khadra. La soirée sera dédiée aux problèmes liés à l’idéologie islamiste, un sujet lourd que l’écrivain aborde avec parfois une touche d’humour destinée à détendre l’atmosphère. Peut-on encore parler à la jeunesse perdue ? Quelle langue faut-il parler pour se faire entendre des jeunes radicalisés ? Voici les questions que soulève un tel débat. Bien sûr, le choix de la thématique n’est pas arbitraire  : Khalil, le dernier opus de l’auteur à succès et déjà en vente dans les librairies, raconte l’histoire d’un jeune bruxellois embrigadé qui aurait participé aux attentats de Paris.

Nous sommes les seuls fossoyeurs de nos rêves et les seuls artisans de notre bonheur.

S’il fallait résumer la conférence, ce sont ces quelques mots d’une simplicité touchante qu’il faudrait employer. Dès les premières minutes, Khadra pose les jalons de sa pensée : Tout part de l’homme. Et si le monde s’enlise dans la paranoïa, si des événements aussi désastreux que ceux survenus à Paris, comme à Bruxelles et partout ailleurs, ont encore lieu, c’est parce l’homme s’assied sur son opinion critique et laisse les autres décider pour lui. Et ces « autres » ce sont aussi bien les émirs de daesh que les médias instigateurs de la « bonne pensée ». Finalement celui qui se laisse dicter sa propre opinion reste tout aussi complice.

Alors Yasmina Khadra entre dans le vif du sujet. Et durant une heure et demi, il donne son avis sur pas mal de points qui touchent au problème de la radicalisation, mais sans vraiment rentrer dans le détail. C’est ainsi qu’il aborde, un peu pêle-mêle, les questions de l’éducation, de l’identité, des idéologies, de la religion,… Il parle aussi, et avec une certaine poésie qu’on lui connaît déjà, des rêves et des espoirs qu’un jeune peut nourrir.

D’ailleurs Khalil n’a jamais eu de rêves, celui qui rêve, c’est celui qui ne cesse jamais de croire.

Mais l’auteur de L’Attentat n’est pas seulement un écrivain, il est aussi un ancien militaire, un mari et un père de famille. Et en tant qu’ancien chef de la reconnaissance (et sûrement aussi en tant que papa) , Yasmina Khadra est catégorique : c’est, la plupart du temps, à cause d’un climat familial tendu que le jeune va plus facilement se laisser appâter. D’ailleurs, l’auteur reviendra plusieurs fois dans son discours sur la question de la famille – qui dans ce qu’elle a de meilleur doit faire sentir au jeune qu’il est à la fois aimé, mais aussi et surtout cadré.

Et enfin très  brièvement et grâce à certaines interventions du public – car la conférence se veut très interactive – Yasmina Khadra va parler de sujets plus personnels tels que son passage dans la politique, ses impressions quant à la situation de son Algérie natale, ou encore sa foi dans la religion musulmane.

En raison de la très forte demande et du peu de sièges disponibles, les BOZAR ont mis en place un système de rediffusion pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’assister à l’événement. C’est pourquoi, il est encore possible d’écouter la conférence de ce mardi 2 octobre en ligne sur la page Facebook de BOZAR.