Wonderstruck, c’est quand qu’on arrive ?

Wonderstruck

de Todd Haynes

Drame

Avec Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore

Sorti le 20 décembre 2017

Sur deux époques distinctes, les parcours de Ben (Oakes Fegley) et Rose (Millicent Simmonds). Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente ; Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice (Julianne Moore). Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York.

Il est de ces réalisateurs pour qui l’annonce d’un film est comme une douceur que l’on reçoit au restaurant en commandant le café. Todd Haynes est de ceux-là. Et pourtant, on se demande ce qui a bien pu se passer pour que la partition de ce film soit aussi déséquilibrée.

Le début présage pourtant d’un film intéressant, palpitant et, comme souvent chez Todd Haynes, un subtil mélange de mélancolie et de rédemption. Un enfant de 12 ans qui perd sa mère et n’a jamais connu son père décide de le retrouver. On s’attend alors à une quête initiatrice, d’autant que le sort le frappe de surdité. Intrigue déjà riche par elle-même. Pourtant on se retrouve, en parallèle, 50 ans plus tôt et la quête d’une petite fille d’à peu près le même âge et qui – oh ! surprise – est sourde.

Tout ceci aurait pu être intéressant voire palpitant, si ce n’est que ce système parallèle et surtout sa mise en image ralentissent considérablement l’intrigue. Le choix du noir et blanc et du muet pour le récit de la jeune fille part certainement d’une bonne intention, mais soit elle n’est pas suffisamment assumée, soit elle est redondante et maladroite. Quoiqu’il en soit, on s’ennuie. Et par ce truchement, l’intrigue du petit garçon est interrompue et accentue ce sentiment. On a même le temps de réfléchir, par calcul, qui peut-être cette jeune fille et, l’idée faite, il faut attendre encore une bonne demi-heure pour en avoir la confirmation. Ajoutons à cela un manque cruel d’humour et de second degré et l’envie de regarder sa montre se fait sentir plus d’une fois.

Sur la fin, le film devient un peu plus intéressant – la piste de la jeune fille en noir et blanc disparaissant – et on peut enfin voir le fond de l’intrigue. Mais tout de même, on se demande comment il est possible d’être passé autant à côté du sujet quand nous est révélé le fin mot de l’histoire. On regrettera aussi que les éléments un peu surnaturels soient aussi peu exploités.

Wonderstruck n’est pas un mauvais film même s’il nous perd un peu pendant la première heure. Il nous gratifie d’une adaptation fidèle des décors d’époque et d’un excellent jeu d’acteur. On aurait donc préféré qu’il en fasse un bon court-métrage plutôt qu’un (long) long-métrage.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine