Villa Dolorosa suivi de Extase et quotidien de Rebekka Kricheldorf

Villa dolorosa

auteur : Rebekka Kricheldorf
édition : Actes Sud
sortie : septembre 2015
genre : théâtre

Villa Dolorosa porte bien son nom. Dans une villa 3 sœurs Olga, Macha et Irina se retrouvent pour fêter l’anniversaire de cette dernière avec leur frère Andreï. La pièce se scinde en trois parties les 28, 29 et enfin 30 ans d’Irina. Malgré les années qui passent et la naissance des deux enfants d’Andreï et de sa jeune femme Janine, rien ne change vraiment. Irina est toujours aussi indolente, passant ses journées au lit ou à rêvasser en écoutant de l’opéra, Macha mariée à un homme qu’elle n’aime pas et tombée amoureuse de Georg l’ami de son frère dont la femme se suicide à répétition et Olga qui déteste son boulot et ne fait que se plaindre. On se retrouve en vase clos avec tous ces protagonistes qui ne cessent de se lamenter sur leur sort sans jamais avoir le cran de changer leur vie parce qu’ils n’ont pas d’objectif. Entre dialogues de sourds et répétitions de définitions ou de réponses absurdes cette pièce fait penser aux Trois sœurs  de Tchekov. Un drame existentiel prenant des allures de vaudeville absurde qui fait penser au théâtre de Beckett ou Ionesco, les maîtres du genre.

Extase et quotidien quant à elle met en scène une famille explosée de la bourgeoisie allemande contemporaine. Tous les membres sont scannés et leurs névroses décortiquées. Entre Günther grand-père homosexuel qui se cherche dans les célébrations d’autres cultures, Sigrun son ex-femme accro aux énergies nouvelles qui paie son fils pour ne plus avoir à assumer son rôle de mère, Takeshi l’ami japonais de Günther qui vend des robots et aime les fêtes traditionnelles allemandes, Katja qui ne comprends plus sa fille et se lance constamment dans des relations amoureuses impossibles, River 13 ans qui fait fugue sur fugue et rend sa famille complètement dingue ou encore Janne son père, enfermé dans son envie de ne pas grandir, tous ces personnages sont en fait à la recherche de leur identité profonde et de leur vie qu’ils tentent de construire ou de reconstruire. Cette pièce est un portrait au vitriol d’une société malade, notre société actuelle basée sur l’idéal de confort égoïste qui ne s’applique pas uniquement à l’Allemagne.

Rebekka Kricheldorf est l’auteur depuis 2002 de plusieurs pièces qui ont connu un franc succès et ont été récompensées par de nombreux prix. Une belle écriture et un regard acéré sur la société et les gens qui nous entourent sont ses plus grandes qualités. Lire une pièce de théâtre n’est pas toujours évident, cependant avec Villa Dolorosa suivi de Extase et quotidien, on peut dire qu’après la lecture, on a une furieuse envie de découvrir la représentation théâtrale.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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