Un théâtre s’improvise à Forest

C’est une première nationale. Le premier théâtre dédié à l’improvisation a ouvert ses portes il y a quelques jours à Bruxelles, au cœur de la commune de Forest. Que ce soit pour les amateurs de l’art improvisé, pour les voisins du numéro 120 de la rue de Fierlant, pour les enfants, les adultes ou pour tout curieux d’une nouvelle expérience théâtrale, l’Improviste propose des expériences uniques, des rencontres et ce, six jours sur sept, tout au long de l’année.

Ce théâtre, qui a mis plus de trois ans à voir le jour, a ouvert officiellement le 20 octobre dernier, avec sa pièce À table, où les comédiens improvisateurs ont partagé un vrai repas sur scène face au public. Quatre passionnés d’improvisation sont à l’origine de ce projet. Aux côtés du comédien Patrick Spadrille, on retrouve Laurent Cadet, Laurent Van Der Rest et Arnaud Petit, mais aussi de nombreux amis et bénévoles.

L’un de nos suricates s’est rendu sur les lieux et a demandé à Patrick Spadrille de nous raconter cette folle aventure…

Patrick Spadrille, comment est né ce lieu insolite ? 

La démarche a été très longue, ça a pris trois ans et demi. Il fallait d’abord trouver un lieu susceptible de devenir un théâtre, ce qui est très compliqué à Bruxelles. On voulait s’installer dans le sud de Bruxelles car les gens sortent en général plus facilement de ce côté-là, ce qui nous a amené ici, dans cet ancien entrepôt du n° 120 de la rue de Fierlant. Ensuite, on a mis un an à réunir les autorisations qui ont nécessité pas mal de négociations. Et enfin, il a fallu encore une année de construction. On a fait une récolte de fonds sur la plateforme Kiss Kiss Bang Bang, beaucoup de gens sont venus nous aider sur le chantier. C’est un théâtre sans subsides. Nous allons vivre des recettes des spectacles mais aussi des formations.

L’improvisation était une évidence pour vous ?

Sans l’impro, on aurait été un théâtre de plus. On savait qu’on voulait qu’il y ait de l’impro, mais l’identité du théâtre est venue petit à petit. Ici, on devenait quelque chose qui n’existait pas en Belgique et qui répondait à une demande énorme des compagnies d’improvisation. En France, il y en a quatre et ça commence un peu partout en Europe. L’impro est arrivée à un stade de maturité qui montre assez de variété pour que ça justifie qu’un lieu lui soit dédié.

Quel est le concept de l’Improviste ?

On accueille des tas de compagnies, tant bruxelloises qu’internationales. On a une soixantaine de spectacles et 299 représentations sur l’année, du lundi au dimanche et souvent, deux spectacles par jour, à 19h et 21h. Ça veut dire qu’on a des spectacles en after work, ce qui peut être chouette pour beaucoup de gens qui n’ont pas envie de rentrer tard chez eux. Et puis, ça permet de passer une soirée sympa ailleurs que devant la télé.

Quels genres de spectacles proposez-vous ?

Chaque spectacle a ses particularités et même une thématique. Il y en a un féministe, un autre qui traite de l’actualité ou un autre encore parle de l’univers de Molière. Parfois, c’est une compagnie ou quelques personnes qui se réunissent autour d’un spectacle. On a reçu beaucoup de propositions, de Belgique mais aussi de l’étranger. Cette année, la saison sera uniquement en français, mais l’année prochaine, il y aura des spectacles en anglais et en néerlandais.

Comment se déroule une représentation ?

Il y a souvent une participation du public mais pas toujours, car il y a une volonté de dire que l’impro n’est pas forcément égale à la liberté totale. Le fait est qu’on improvise mais c’est avant tout du théâtre, on veut profiter d’être ému, de rire, de réfléchir aux questions soulevées. Nous avons une volonté que ce soit le plus éclectique possible, que les gens s’identifient à ce qui se passe et qu’on ne soit pas dans la caricature.

Parfois, on demande d’apporter des objets, comme pour notre premier spectacle étranger, 2TK7, qui propose aux gens de venir avec une cassette audio. Ils l’écoutent et se servent de ça comme point de départ. Dans Page blanche, on demande aux spectateurs une idée de lieu par exemple qu’on écrit dans un carnet et qui sera l’étincelle de départ.

Votre spectacle À table est particulier, expliquez-nous ?

Il y a un vrai repas sur scène et c’est l’occasion de faire se rencontrer des improvisateurs d’un peu partout, qui ne jouent jamais ensemble, ce qui donne parfois de très belles surprises. Le public donne le contexte de départ et à partir de là, on est parti pour une heure de spectacle où on ne sait pas plus que le public ce qui va se passer. À table sera joué tous les mardis soir et la moitié de ses recettes sera reversée à l’association Rolling douches, qui permet aux sans-abris de bénéficier d’une douche dans un mobile home. Chaque saison, on choisira une association différente.

L’Improviste propose aussi de nombreux spectacles pour enfants et profite du passage d’improvisateurs professionnels étrangers pour donner des formations tout au long de l’année.

Infos : www.improviste.be

A propos Déborah Neusy 27 Articles
Journaliste du Suricate Magazine