Tully, ode à la vie de mèr(d)e

Tully

de Jason Reitman

Drame, Comédie

Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston

Sorti le 11 juillet 2018

A l’arrivée de son troisième enfant, Marlo se retrouve complètement dépassée. Epuisée, elle fait appel à Tully, une nounou qui prend en charge le bébé durant la nuit. Au-delà de la simple relation professionnelle, Marlo est séduite. Une amitié naît entre les deux femmes que tout semble opposer. Grâce à Tully, Marlo reprend peu à peu goût à la vie et parvient enfin à exister en dehors de sa descendance.

Diablo Cody, scénariste de Juno remet le couvert. De nombreux liens sont à faire entre le personnage qui a fait son succès et Marlo, sa nouvelle héroïne. A l’instar de son premier film, Cody brosse une fois encore un portrait touchant de femme qui n’est ni une wonderwoman ni une star du show-business. Comme dans Juno, c’est la belle simplicité des protagonistes et de leurs destins qui touche le spectateur. Mais loin de la pétillante adolescente incarnée par Ellen Page, Charlize Theron interprète ici une femme particulièrement blessée par la vie. Comme si la première, enceinte à 16 ans, se réveillait dans la peau d’une mère submergée et en pleine crise de la quarantaine.

Theron montre une fois de plus l’étendue de son talent. Authentique, elle nous propose un portrait rare de femme. Son interprétation, sensible mais sans manière, nous offre surtout une histoire sur le métier le plus difficile au monde : maman. Le paradoxe douceur-violence associé à cette lourde tâche est ici magistralement illustré. Si la fin est prévisible, elle n’est qu’un prétexte pour aborder un phénomène peu évoqué au cinéma : la charge mentale que subissent les épouses, les sœurs, les mères au quotidien.

Malgré certains ressorts narratifs exploités jusqu’à la corde, on ne peut que s’émerveiller devant cette simplicité assumée, qui présente à la fois les hauts et les bas de la vie. Tantôt feel good drolatique, tantôt pathétique, cette comédie douce-amère jongle entre les genres avec une facilité étonnante. Sans sophistication ni fioriture, Tully est beau, tout simplement.

A propos Elise Voillot 51 Articles
Journaliste du Suricate Magazine