Tournai Jazz Festival: Un franc succès pour une programmation de grande qualité

Du 31 janvier au 4 février se déroulait la 7ème édition du Tournai Jazz Festival.
Parmi les cinq dates sold out, disons-le d’emblée, grâce à une programmation cinq étoiles, nous nous y sommes rendus pour deux journées mémorables où les concerts étaient répartis dans deux très beaux endroits sur la grand-place : le Magic Mirrors (chapiteau-kiosque) et la Halle aux Draps.
La soirée du vendredi 2 débutait par la brillante prestation du quartet de Igor Gehenot qui présentait principalement son dernier opus Delta, album empreint de lyrisme et de moments forts où la mélodie est reine.

 

Le talentueux pianiste fit preuve, plus que jamais, d’une grande aisance technique et de maturité à l’instar de ses partenaires dont le bugliste breton Alex Tassel qui partageait avec le leader de très belles envolées.

 

La soirée se poursuivait par l’excellent concert de la chanteuse Lisa Simone, digne fille de Nina, venue présenter son nouvel et second album My World avec ses complices habituels qui, en plus de leur instrument, assumaient les choeurs.

 

Lisa Simone apparut comme un véritable phénomène de scène, par sa voix bien sûr mais aussi par sa gestuelle, sa prestance et sa relation avec le public.
Sa musique fut métissée en nous proposant un mélange de jazz, de soul, de blues ou encore de rythmes africains. Un grand moment aussi.

Dernier événement du jour, la carte blanche donnée à notre sympathique saxophoniste Stéphane Mercier. Cette carte blanche relevait du défi car elle consistait à interpréter sur scène son album Duology, sorti en 2013. Pour l’occasion donc, il avait convié un véritable « All Star » de pas moins de 12 autres musiciens belges.

(Photo: Jacques Desablens)

Invitant à tour de rôle ses amis dans des configurations allant du duo au septet pour finalement tous les rassembler pour un final d’anthologie, Stéphane Mercier proposa ainsi une prodigieuse performance.

(Photo : Jacques Desablens)

La journée du 3 s’annonçait aussi chargée en émotions fortes et notre choix s’est porté sur quatre « énormes » concerts.
Le premier fut celui de la reine de l’orgue Hammond, Madame Rhoda Scott. Si initialement son groupe était intitulé « Lady Quartet », l’excellent batteur Thomas Derouineau remplaça Julie Saury aux côtés de la star et de ses deux souffleuses dont la fantastique Sophie Allour.

 

 

Rhoda Scott mettra souvent en valeur cette dernière qui est en fait l’auteur de la majorité des compositions jouées et de leur dernier CD We Free Queens. Tout au long de ce concert swinguant et groovant, Rhoda Scott démontra, qu’à près de 80 ans, sa dextérité, son punch et bien évidemment son humour légendaire étaient intacts. L’émotion était à son comble quand elle fut très longuement ovationnée.

 

Le second concert fut celui de la très attendue Stacey Kent pour son premier accueil à Tournai.
La chanteuse resta fidèle a son image. Souriante, agréable, attentionnée à l’égard de ses musiciens dont son mari et directeur artistique, le saxophoniste et flûtiste Jim Tomlinson, elle interpréta des chansons en français et en anglais sur un jazz teinté régulièrement de musique brésilienne.

 

Comme à son habitude, avec sa jolie voix posée, elle effectua une prestation très professionnelle et sans faille pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Vint ensuite au tour de Dider Lockwood d’ être le troisième à monter  sur la scène de la Halle aux Draps. L’annonçant d’entrée, il s’était entouré d’une  » Dream Team » ( Antonio Farao au piano, Darryl Hall à la contrebasse et Gary Husband à la batterie) pour nous faire découvrir un tout nouveau répertoire.

 

En effet, le violoniste dont l’archet est une baguette magique présenta le contenu de son dernier album Open Doors.

Il proposa un jazz énergique parfois d’une rare intensité mais aussi mélodieux, le tout en laissant beaucoup d’espace à ses accompagnateurs. Du grand art.

Pour clôturer cette nouvelle très belle soirée avec le nombreux public resté tardivement, le quartet d’Eric Legnini offrit un excellent concert et fit vibrer le Magic Mirrors avec son groove imparable.

 

Exclusivement au Fender Rhodes, accompagné par Frank Agulhon à la batterie et Julien Herné à la basse électrique, il présenta son récent dernier-né soul-funky Waxx Up en laissant aussi la part belle à la voix de la chanteuse Michelle Willis.

 

Cette nouvelle édition fut donc une franche réussite avec une programmation de grande qualité dans un bel esprit de convivialité.
Il faut également souligner un travail de sonorisation exemplaire, l’investissement et l’accueil chaleureux des responsables mais aussi des bénévoles.
Le Tournai Jazz Festival est bien devenu un événement incontournable.
A l’année prochaine donc!

Photos de Serge Braem

A propos Pierre Gérard 65 Articles
Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz