Tome 2 de Blue Note : Les Dernières heures de la prohibition

blue note tome 2 dargaud couverture

scénario : Mathieu Mariolle
dessin et couleurs : Mikaël Bourgouin
éditions : Dargaud
sortie : 3 octobre 2014
genre : Polar

Du jazz, de la prohibition et de la boxe : c’est le cocktail proposé par Mariolle et Bourgouin dans cette saga, Blue Note : Les dernières heures de la prohibition, sur les années 30 à New York. C’est aussi une belle découverte, explications.

Dans le premier tome, on suivait le parcours de Jack Doyle, héros à l’américaine, plus fort que le système corrompu mais qui y laisse sa gloire. Ancienne vedette du ring déchue, son ancien impresario lui proposait de remonter sur scène pour réaffronter un ancien adversaire et savoir si il pouvait le battre à la loyale ou si son adversaire avait été payé pour se coucher. La victoire au bout des gants, les problèmes commencençaient : son impresario l’avait doublé et il avait un mafieux local sur le dos. Le but ? S’en sortir et fuir ce monde de dingue.

Dans le second tome, on retrouve le destin du guitariste prodige R.J. dans le New-York de la prohibition, dont l’histoire va se mêler à celle de Jack. Il arrive à la force de son talent à décrocher un contrat dans un des nombreux clubs tenus par la mafia où alcool, femmes et musique sont proposés aux nantis. Il obtient aussi la possibilité d’enregistrer un disque mais il y a des règles à respecter dans ce monde où l’on s’engage à vie. Mais le destin de la mafia sur Jack et R.J. va aussi se jouer après la fin de la prohibition, prévue dans quelques jours et qui devrait supprimer le pouvoir de certains…

L’histoire fort conventionnelle de Mariolle n’entache en rien une BD à découvrir. Il s’inspire des films noirs scorcesiens ou leoniens tout en évitant de gaver le lecteur par une trame trop sportive ou trop musicale. Le vrai combat est la lutte de Jack pour garder son intégrité dans un monde de la prohibition qui a fait naître une mafia de plus en plus puissante mais déclinante à l’approche du retour de l’alcool aux yeux de tous. La véritable scène d’R.J. est celle de la vie où il apprendra les règles du milieu à travers ses espoirs de célébrité.

Si  le jazz n’était que suggéré en trame de fond dans le premier tome, deuxième laisse une place à un personnage de jazzmen, ce qui ne changera pas diamétralement le style de l’intrigue, centré encore énormément sur Jack Doyle mais apporte une toute autre vision de l’univers créé par Mariolle et Bourguoin.

Car c’est aussi le style qui joue beaucoup dans la réussite de cette histoire. Le coup de crayon et les couleurs (mise en valeur des dominantes rouges dans le premier centré sur la boxe, bleues dans le deuxième centré sur la musique) intronise Bourgouin dans la cour des grands et instaure un climat pesant, violent et passionnant. Le rythme des combats et l’émotion de la musique sont  magnifiquement rendu au fur et à mesure des cases. Seuls quelques cases parfois trop brouillonnes gâchent de temps en temps le plaisir.

Fan de cinéma noir ou de BD à caractère, vous serez ravis par celle-ci. Malgré une histoire quelque peu classique, un dessin brouillon, il faut se précipiter à l’intérieur d’un ouvrage à l’atmosphère aussi pesante qu’envoûtante.

 

 

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine

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