Tom of Finland : cuir, cuir, moustache !

Tom of Finland

de Dome Karukoski

Biopic, Drame

Avec Pekka Strang, Lauri Tilkanen, Jessica Grabowsky

Sorti le 14 mars 2018

2018 commence à peine et nous réserve déjà son lot de biopics : The Darkest Hour cartonne au cinéma, la sortie de Bohemian Rhapsody approche doucement, The Death of Stalin crée la polémique en Russie, et une nouvelle adaptation de Papillon est annoncée, pour n’en citer que quelques-uns. C’est dans ce contexte que sort le plus discret Tom of Finland, consacré au peintre et dessinateur finlandais Touko Laaksonen.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Touko Laaksonen peine à trouver sa place dans la société finlandaise : homosexuel dans un monde profondément homophobe, il devra taire ses sentiments afin d’échapper à la persécution. C’est ainsi qu’il exprimera ses fantasmes dans des dessins mettant en scène des hommes musclés et habillés de cuir. D’abord divulgué dans la discrétion, Touko finira par publier son travail aux États-Unis et par obtenir la reconnaissance sous le pseudonyme de Tom of Finland. Son travail aura un impact considérable sur la culture gay des années 1960 et 1970, établissant l’archétype de l’homosexuel musclé, moustachu et vêtu de cuir, tel qu’on le verra par exemple chez les Village People.

Plus qu’un biopic, Tom of Finland est avant tout le témoin de l’évolution des mœurs et de la liberté sexuelle. D’abord vu comme un paria dans l’immédiat après-guerre, Touko Laaksonen est aujourd’hui célébré comme une véritable icône de la communauté gay, et son talent artistique est encore mis à l’honneur au sein d’expositions et de publications diverses. Ajoutons à cela que le film offre une approche originale, exposant son propos par le biais de l’art pictural et non plus uniquement en mettant l’accent sur une histoire d’amour passionnée comme ce fut le cas dans le célèbre Brokeback Mountain ou dans Call me by your name.

De ce point de vue, on pourra parfois avoir l’impression que le film est rempli de clichés sur les homosexuels. De façon intéressante, c’est justement parce que Touko Laaksonen a lui-même créé ces clichés et qu’ils sont, depuis, ancrés dans nos mœurs.

Cela étant dit, Tom of Finland est loin d’être exempt de défauts. Avant tout, à de rares exceptions, la réalisation est classique et convenue. Si l’on trouvera de temps à autre quelques audaces et quelques belles transitions, le film ne brille pas par sa mise en scène. Plus encore, le réalisateur Dome Karukoski prend le parti de ne pas intégrer de repères chronologiques à son récit. Si le spectateur pourra comprendre par le biais de divers détails l’époque à laquelle on se trouve, il pourra parfois se trouver décontenancé par certaines ellipses. À cela s’ajoutent quelques longueurs. Tom of Finland brille donc davantage par ce qu’il nous enseigne concernant l’évolution des mœurs et le chemin parcouru par la communauté homosexuelle que par ses qualités cinématographiques.