The Walk, un film paresseux

the walk poster

The Walk

de Robert Zemeckis

Biopic, Aventure, Drame

Avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte Le Bon

Sorti le 14 octobre 2015

Si les lentilles de contact bleues portées par Joseph Gordon-Levitt surprennent amèrement dès l’ouverture, son faux-accent français propulse le spectateur contre un mur banni du langage filmique : celui de l’invraisemblable.

Les moyens débloqués pour le film justifiaient-ils le choix populaire de ce premier rôle ? Américain pure souche, Gordon-Levitt incarne le funambule seine-et-marnais Philippe Petit. Difficile à faire avaler au public francophone. Gordon-Levitt parle français avec l’accent américain ; anglais (langue du public majoritairement visé) avec un faux accent français. L’excuse : Philippe Petit doit s’entrainer à parler anglais avec tout le monde s’il veut effectuer la traversée des deux tours du World Trade Center. Le prétexte posé dès le départ, nous nous devons d’accepter illico-presto comme convention la langue de Shakespeare.

Zemeckis, à qui l’on doit Forrest Gump et le scénario du cultissime Retour vers le futur, nous livre avec The Walk un film paresseux. Les seconds rôles – à la limite de la justesse – pataugent sans indications, désincarnés, bercés par une musique douçâtre omniprésente. L’inénarrable Ben Kingsley semble se demander ce qu’il fait là. Une voix-off, pour saupoudrer le tout de guimauve, vient nous rappeler ce que nous voyons déjà ou verrons à l’image (voix-off incarnée par des plans ultra-kitchs d’un Joseph Gordon-Levitt sautillant sur la statue de la liberté).

Si la dramaturgie pose problème, c’est parce que le héros n’a peur de rien. Pas de conflit externe ou interne, pas d’antagonistes. Or, sans antagoniste (même pas lui-même), le personnage principal ne se heurte à rien ni personne durant une bonne heure de film. Vient ensuite l’épreuve tant attendue, la traversée des deux tours du World Trade Center. Enfin, la 3D est saisissante. C’est une expérience du vide, et la bonne dizaine de minutes que dure la séquence est remarquable.

Si le film manque cruellement d’audace, si la fin gnangan aurait dû faire preuve de sobriété, il aura eu le mérite de mettre en avant un homme de panache. À noter que l’artiste fou a superbement été mis en valeur par le cinéaste britannique James Marsh en 2008 avec son documentaire Le Funambule, récompensé par un Oscar. Le traitement et le suspens vont bien au-delà des promesses du film de Zemeckis.

Philippe Petit était trop ample pour se faire mettre en boite par un Hollywood tout-puissant. Un cas de David contre Goliath où le panache d’aventurier de l’un écrase les ambitions pécuniaires et sans risques de l’autre.

A propos D. T. 11 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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