The Rider, une chevauchée en quête d’identité

The Rider

de Chloé Zhao

Drame

Avec Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lilly Jandreau, Cat Clifford

Sorti le 28 mars 2018

Brady Blackburn, un jeune cowboy du Midwest, apprend qu’il ne peut plus participer aux compétitions de rodéo après avoir eu un grave accident qui a failli lui coûter la vie. Son monde s’écroule, tout ce pour quoi il vivait lui est désormais interdit et il ne peut se résoudre à abandonner sa passion. Mais jusqu’où peut-on mettre sa vie en danger en voulant poursuivre ses rêves ?

Après Songs My Brothers Taught Me, la réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao signe un nouveau drame centré sur la quête d’identité dans une Amérique où beaucoup sont encore laissés pour compte. Prix Art Cinéma du meilleur film à la Quinzaine des réalisateurs et Grand prix du Festival du cinéma américain de Deauville, The Rider, basé sur la vraie vie de Brady Jandreau, nous montre sans misérabilisme ni apitoiement le quotidien morne et d’apparence sans espoir d’une jeunesse quelque peu oubliée, semblant n’avoir comme perspectives d’avenir que le rodéo ou un travail d’employé au supermarché. Malgré ce manque de possibilités dans lequel est enfermé Brady, sa volonté d’y arriver et de ne pas se laisser abattre ainsi que son humilité face à ce qui lui est arrivé nous bouleverse. Le choix de la réalisatrice d’en faire une fiction et non un documentaire constitue un véritable tour de force qui permet d’allier à l’histoire réelle une dimension extrêmement poétique. Le spectateur est directement touché par ce qu’il voit et n’en est que plus troublé de savoir que les acteurs jouent leurs propres rôles. Ceux-ci ne pourraient être plus justes dans leurs interprétations et on ressent à travers eux, ce paradoxe entre une certaine détresse face à l’immobilisme et l’envie de continuer à vivre leur vie assez éloignée de la modernité.

On se prend parfois à vouloir les rejoindre dans cette existence certes âpre et monotone, mais constamment entourée par la nature et concentrée sur l’essentiel. Les paysages majestueux du Dakota du Sud font partie intégrante de l’histoire et sont filmés comme un personnage en tant que tel. Mais après cette chevauchée effrénée dans les plaines, le retour à la réalité est d’autant plus rude et on a du mal à quitter son fauteuil tout comme Brady peine à descendre de son cheval.

A propos Julie Vermandele 24 Articles
Journaliste du Suricate Magazine