The Assassin, la sereine colère

the assassin poster

The Assassin

de Hou Hsiao-Hsien

Action

Avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou

Sorti le 24 février 2016

The Assassin, nouveau long-métrage du réalisateur taiwanais Hou Hsiao-Hsien, nous plonge dans la Chine du IXe siècle avec un merveilleux film de samouraï, tout en élégance et habileté.

La narration de The Assassin se base sur les récits romanesques chinois du IXe siècle, les chuanqi. Ces courtes histoires, qui ont profondément marqué le réalisateur durant son adolescence, sont la base même du scénario de The Assassin, puisque l’une d’entre elles, Nie Yinniang, sera le point de départ de caractérisation du personnage principal.

Ainsi, Nie Yinniang (Shu Qi, découverte avec Millenium Mambo), dont le samuraï éponyme a inspiré le réalisateur, retourne dans sa famille après des années de formation chez une nonne (Nikki Hsieh Hsin-Ying) qui l’a entraînée aux arts martiaux. Membre de l’Ordre des Assassins, elle doit à présent garantir la paix entre la province de Weibo et la cour impériale, où les actes de rebellions et d’indépendance prennent de plus en plus d’ampleur.

Lorsque Nie Yinniang réalise que le gouverneur de la province de Weibo n’est autre que son cousin Tian Ji’an (Chang Chen), dont elle est amoureuse, celle-ci se retrouve face à un dilemme qui remet en question sa place dans l’Ordre des Assassins.

Le film, qui a obtenu très légitimement le Prix de la Mise en scène à Cannes, présente des scènes de combat magnifiquement orchestrées. L’art de Hou Hsiao-Hsien ne réside pas uniquement dans sa manière de représenter l’affront, mais surtout dans sa manière de mettre en lumière les silences, la concentration et la sereine colère qui animent les combattants.

Et les qualités du film ne s’arrêtent pas là : non seulement le film regorge de précieuses indications sur les codes vestimentaires, décoratifs et les rituels de la Chine à cette époque, mais en plus, le traitement cinématographique, très diversifié, impose une lecture aussi fluide et impétueuse qu’un torrent, avec des passages du noir et blanc à la couleur, à différents formats d’images et à différents foyers d’énonciation.

Sur ce dernier point, notons une autre citation à la littérature chinoise qui est convoquée dans The Assassin : le conte de l’oiseau bleu. Lorsque l’oiseau bleu, n’ayant pas chanté depuis plus de trois ans, est mis face à un miroir, celui-ci se met à siffler toute la souffrance qu’il a accumulée. Le parallèle avec le dilemme de Nie Yinniang est ainsi évident et la manière dont ce segment est exploité résume très bien le reste du film : de façon subtile, aérienne et sans aucun pathos.

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