Tel Aviv on Fire, comédie réflexive et fluctuante

Tel Aviv on Fire
de Sameh Zoabi
Comédie
Avec Kais Nashif, Lubna Azabal, Yaniv Biton, Nadim Sawalha, Maisa Abd Elhadi
Sorti le 1er mai 2019

Fraichement embauché en tant que stagiaire sur le tournage d’une série palestinienne, Tel Aviv on Fire, produite par son oncle, Salam se voit arrêté à un check-point par l’officier israélien Assi, auquel il raconte, pour se sortir de ce mauvais pas, qu’il est le scénariste de la série. Assi, dont la femme est une spectatrice assidue de ce soap-opera dans lequel une espionne palestinienne entretient une histoire d’amour avec un officier israélien, se pique alors de vouloir souffler des idées d’intrigues à Salam, jusqu’à vouloir changer la fin même de la série. Salam se trouve alors pris entre deux feux, entre les velléités des producteurs du « show », et celles d’Assi, qui se prend de plus en plus pour un scénariste démiurge.

Avec son récit à plusieurs étages – Salam faisant le relais entre les scènes sur le tournage de la série, ou les bureaux de production, et les scènes de check-point – et sa mise en abyme ludique, Tel Aviv on Fire revêt un aspect de comédie réflexive en constante mobilité qui, tout comme le feuilleton dont il est question est sans cesse réécrit, établit de nombreuses fluctuations dans sa trame narrative, questionnant toujours l’avenir de la situation des personnage, qu’ils soient – diégétiquement – réels ou fictionnels.

Cette dimension multiple et fluctuante, bien que très intéressante, n’est malheureusement pas présente à toutes les étapes de fabrication du film, sa mise en scène ne dépassant jamais la dualité entre deux esthétiques : un emballage visuel fait de surexpositions et un surjeu grandiloquent des acteurs pour le soap, un naturalisme « light » et parsemé de saillies comiques pour la « réalité ». Il est dommage que le réalisateur et coscénariste Sameh Zoabi n’ait pas inclut dans le traitement visuel de son film la même porosité que peut avoir par moments son scénario. En outre, le film semble indiquer une préférence de goût pour la seconde esthétique, celle qui s’appuie sur une recréation légèrement altérée de la réalité, plutôt que pour la première, dont les filtres de couleurs outranciers semblent indiquer une certaine dose de mépris contenu pour ce type de productions populaires réalisées à la chaîne.