Sugar Sammy, la star québécoise de l’humour tente l’aventure belge

Sugar Sammy est un humoriste québécois très connu de la scène internationale. Son palmarès : plus de 150 spectacles dans 29 pays différents joués en français, en anglais, en indie et en punjabie. Véritable tête brulée de l’humour, Sugar Sammy est passé maître du stand-up dans la plus pure tradition anglo-américaine. Ce sniper de la vanne s’arrêtera chez nous le 9 mars prochain à l’occasion de la cinquième édition du « Smile and Song Festival ». Nous sommes partis à sa rencontre et nous n’avons pas été déçu du voyage.


Sugar Sammy, ravie de vous rencontrer. La Belgique n’a pas le plaisir de vous connaitre. Comment vous est venue votre passion pour l’humour ?

Je fais ce métier depuis 20 ans maintenant. Quand j’étais jeune, j’ai vu le spectacle d’Eddie Murphy et j’ai été accro. Je me suis dit : « Il faut que je fasse ça dans ma vie ! » J’ai adoré ce qu’il faisait et ce jour-là, j’ai décidé que c’était ce que je voulais faire. Depuis c’est quelque chose qui est plus fort que moi. Même quand j’ai essayé de faire autre chose, j’y revenais tout le temps, j’avais la passion de ce métier.

Comment se sont déroulés vos débuts sur scène ?

Aux USA et au Canada anglophone, on apprend beaucoup sur le tas. On va dans des scènes ouvertes et on apprend. Tu écris, tu réécris, tu perfectionnes. Tu commences à apprendre en sachant quoi faire et ne pas faire. Ça m’a pris du temps. Les dix premières années étaient difficiles et puis, j’ai beaucoup appris et ça a décollé en 2004.

Tu perfectionnes ton art tous les jours. Par exemple, je trouve que ces deux dernières années, je suis devenu un meilleur auteur. C’est important pour moi de toujours être meilleur que l’année précédente. Ma compétition, je la mène contre moi-même.

Est-ce la première fois que vous venez jouer en Belgique ?

Je suis déjà venu l’année dernière au Kings of Comedy Club à Bruxelles. J’y ai joué trois soirs et j’avais pu déjà remarquer ce qui marchait et ce qui ne marchait pas chez vous. Bon, par contre, j’ai tout oublié (rires).

Quand je joue dans un pays, j’essaie toujours d’en capter le ton. Pour l’instant, j’effectue ma tournée en France et je n’ai pas juste donné mon spectacle canadien au public français. J’ai vraiment écrit pour la France. C’est une critique honnête et j’espère un jour pouvoir faire ça pour la Belgique.

Qu’allez-vous aborder dans votre spectacle ?

Je vais beaucoup parler de ce que je vis en France, du Canada, de ma tournée aux Etats-Unis. Je parle beaucoup des différences culturelles, de la politique, du racisme. Je parle de la vie de couple. Je suis dans un couple biculturel, ma copine est polonaise, c’est sûr qu’il y a de la matière (rires).

Il y a beaucoup de thèmes universels, mais je veux aussi parler de la Belgique. Je remarque déjà des choses depuis ce matin que j’ai notées et je vais en parler dans mon spectacle. Je fais ça partout, je trouve que c’est intéressant aussi pour le public de voir comment ils sont perçus de l’extérieur.

Qu’est-ce que vous avez déjà remarqué ?

Déjà la bise ! Vous en faites juste une, vous n’avez pas le temps pour deux ici, ça marche pas (rires). Tout le monde la fait, les hommes comme les femmes, mais juste une. Deux c’est trop ici, c’est #balancetonporc.

Puis, quand j’étais dans le train pour venir, ils ont fait une annonce en français. Ca a duré 30 secondes, puis il a enchaîné en flamand, c’était une minute et demi. Et je me disais : « Est-ce qu’ils retiennent des informations pour les francophones, ils ne veulent peut-être pas tout leur dire ?! » Franchement, les Flamands quand je les écoute, je me demande toujours : « Mais quand est-ce qu’ils vont acheter une voyelle ? »

Quand tu vois tout ce que vous prenez pour acquis, d’un nouvel œil, d’un nouveau point de vue, c’est de la tapisserie pour vous mais pour un humoriste, c’est de l’or.

Pour ceux qui ne connaissent pas bien le principe du stand-up, à quoi doit-on s’attendre ?

Le stand-up, ce n’est pas de longues histoires, on ne raconte pas, c’est l’efficacité des mots. Tu as des vannes toutes les 30 secondes, mais il y a quand même un enchaînement, une progression et un « fil conducteur » qui est logique.

Le stand-up, c’est une étude anthropologique présentée de manière humoristique. C’est une conversation, c’est un pote qui te parle, qui te raconte sa vie et tu oublies que tu es dans un spectacle. Pour moi, les meilleurs spectacles ou les meilleurs films, c’est quand tu ne vois pas l’effort. Ça a l’air tellement facile et c’est là que réside la magie. Tu oublies que quelqu’un a travaillé derrière, mais il y a tellement de travail derrière cette apparente facilité.

Vous êtes un sniper de l’humour, sans filtre et sans tabou. Est-ce que parfois vous n’avez pas peur d’aller un peu trop loin ?

Non, je pense même qu’il faut ! Quand tu vas voir mes humoristes préférés, tu sens qu’il y a un danger dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils disent et ils s’en sortent tout le temps avec un rire. Moi, je trouve que le danger en humour c’est facile, tout le monde peut se mettre en danger. Mais s’en sortir avec un rire, ça c’est la chose la plus difficile.

Il y a des choses que les gens abordaient il y a 20 ans qui sont normales aujourd’hui. Par exemple, quand une vedette publique sortait du placard, c’était un choc énorme. Tout le monde arrêtait de travailler pour parler de ça. Aujourd’hui, c’est commun, ça fait partie de notre paysage. Moi, j’aime quand un artiste pousse et va trouver quelque chose de nouveau qui dans 20 ans sera commun parce qu’il a brisé le mur qui existait.

Quelles sont vos influences ? Qui vous inspire dans votre travail ?

J’ai beaucoup été influencé par les artistes américains parce qu’en étant canadien, je suis juste à côté. La culture anglo-américaine, c’était ce que je vivais le plus, avec mes amis on regardait des films en anglais et du stand-up en anglais. Donc mes influences sont Eddie Murphy, Chris Rock, Dave Chappelle, Ricky Gervais que j’adore maintenant et Sasha Baron Cohen. J’aime ce genre d’humour qui au début était jugé marginal, mais qui devient grand public.

Un des points communs entre ces humoristes c’est un certain sens de la provocation, est-ce quelque chose qui vous attire ?

Les gens disent qu’ils sont dans la provoc, mais pour moi ça n’a jamais été le cas. Ils disent simplement des choses que la plupart des gens ne disent pas. Ce n’est pas que de la provoc, c’est être honnête, je pense. Je préfère me dire que tout le monde ne va pas m’aimer, ou aimer mon spectacle, parce que je tiens à parler de ce sujet-là que de me retenir et de me dire : « J’aurais dû ! Pourquoi je n’ai pas eu le courage ? »

Pour moi, si c’est drôle et que la majorité du public rit, ça reste dans le spectacle. Mais je ne vais jamais garder une blague si c’est juste de la provoc gratuite. Le rire, c’est numéro 1 ! Et c’est important que l’angle et le sujet soient originaux. Ne pas juste être dans le courant sans se poser la question : « Qu’est-ce que je pense vraiment ? Et comment je peux l’exprimer en étant drôle ? »

Vous tournez actuellement en France, comment se passe le contact avec le public français ?

Ça se passe super bien. Je trouve qu’il y a beaucoup de matière en France, de tension, de dualité. Les Français sont très émotifs, ils aiment s’exprimer un à un, ils ont beaucoup de discussions politiques existentielles, sociologiques et, même s’ils n’ont aucune information sur le sujet, ils y vont.

Il y a tellement de choses sur lesquelles les gens ne sont pas d’accord. Et quelque part, c’est mauvais pour la société, mais c’est du pain béni pour un humoriste. En fait, tout ce qui est mauvais pour la société est bon pour un humoriste, c’est affreux !

A vrai dire, il y a tellement de matière que ça me rend la tâche un peu facile d’écrire pour eux. Je crois que pour la Belgique ça va être mon challenge, j’ai hâte de voir.

Une dernière petite question, les fêtes de fin d’année approchent à grand pas, que faites-vous pour Noël et pour le Nouvel An ?

Je vais passer Noël à Paris avec ma copine. Ça va être le premier sans ma famille. Ça fait bizarre. C’est étrange de passer les fêtes sans eux, c’est une tradition pour nous depuis longtemps de passer Noël ensemble, même si on n’est pas chrétien. Et pour le nouvel an, j’ai un spectacle prévu le 31, ce sera ma dernière date de cette série. Puis, je rentre en janvier au Canada pour profiter de ma famille avant de revenir continuer ma tournée en France et venir vous faire un coucou en Belgique.

Vous êtes curieux de connaître à quelle sauce les Belges vont être dégustés ? Sugar Sammy sera chez nous pour une seule date, ce 9 mars 2018, dans le cadre de la cinquième édition du « Smile and Song Festival » au centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre. Infos et réservations : https://smileandsong.be/ ou http://sugarsammy.com .