Sortie des deux derniers tomes d’IR$ Team pour la coupe du monde

Scénario : Stephen Desberg
Dessin : Daniel Koller ou Marc Bourgne
Editions : Le Lombard
Sortie : 30 mai 2014
Genre : Football, finance, thriller

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Belgique et la France sont toujours en lice pour remporter la prestigieuse coupe du monde de football. Véritable rendez-vous des amateurs du ballon rond, cette compétition est également la plus suivie au monde, tout sport confondu. Dès lors, il apparait assez naturel que les financiers s’y intéressent. Et là où il y a de l’argent, il y a de la corruption.

La corruption est justement au coeur de la saga inventée par Stephen Desberg. Le scénariste belge était déjà à l’origine de la saga I.R.$., l’histoire de Larry Max, un inspecteur de la brigade financière du même nom. De manière intelligente, Stephen Desberg a donc transposé son personnage dans le milieu du football et de ses connections internationales. Cette nouvelle saga, démarrée en 2013 et qui compte quatre albums, se termine cet été avec la sortie du dernier volet.

IR$ Team, nom de cette dernière, promet d’emblée aux lecteurs une histoire complexe où les intervenants sont aussi mystérieux que l’intrigue en elle-même. Mêlant habilement la face reluisante du football et sa face sombre, cette saga est intéressante à suivre, même si on ne s’intéresse que de loin à ce sport. Les personnages sont charismatiques et il n’est pas vraiment utile d’avoir lu les précédentes réalisations de Desberg pour pouvoir les cerner.

Tout cela vous parait très bien, et pourtant, cette nouvelle série recèle de nombreux défauts qui en compliquent largement la lecture.

Premièrement, si Stephen Desberg a gardé la plume entre ses mains, ce n’est pas le cas des dessinateurs qui se sont alternés sur I.R.$. Team. Au nombre de deux, Daniel Koller et Bourgne se sont partagés les albums, le second signant le premier et le dernier volets, l’autre se contentant des deux histoires centrales. Ce choix – ou cette contrainte – s’avère être le point le plus négatif que nous ayons pu trouver en parcourant l’histoire de Larry Max. Cela pour la bonne et simple raison que les deux dessinateurs n’ont pas du tout le même coup de crayon et perdent alors le lecteurs dans une saga où les personnages sont difficilement reconnaissables. Un comble pour une bande dessinée. En outre, Daniel Koller n’arrive pas à donner du contraste à ses dessins, ce qui est pour le moins agaçant.

Deuxièmement, l’histoire est bien trop exhaustive et trop complexe pour être transposée en bande dessinée. De fait, celle-ci nous aurait davantage charmé dans un roman où le détail en fait toute la richesse. Cela a pour conséquence de subir des planches très chargées, suivies d’autres plus expéditives. Et oui, il faut pouvoir conclure en une quarantaine de pages.

Enfin, on regrettera également – mais c’est un avis bien plus subjectif – le manque de cases dédiées au sport. Mis à part un footballeur en particulier, on ne voit que trop peu l’aspect sportif du football. Si l’on comprend l’idée d’en faire avant tout une saga policière, on déplore tout de même un récit sur le foot où ce dernier est quasi absent.

En résumé, I.R.$. Team ne révolutionnera pas le genre policier et encore moins la bande dessinée ayant pour thème principal le sport. Le duo de dessinateurs aura en outre eu l’occasion d’en agacer certains. Hormis cela, il faut tout de même saluer le travail pamphlétaire intelligent fait par Desberg. Les paris truqués asiatiques ou les attributions de compétitions à des pays véreux, cela résonne grandement en ces temps de coupe du monde.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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