Sobre las brasas

sobre las brasas affiche

Sobre las brasas

de Bénédicte Liénard

Documentaire

Sorti le 17 décembre 2014

Sobre las brasas, le long métrage documentaire de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez (originaire du Pérou), est indiscutablement une réussite.

Nous parcourons un chemin le long d’un fleuve, à la fois moyen d’échanges économiques et preuve évidente de la beauté du territoire sud-américain. Nous sommes immergés dans un monde étrange, alliant la magnificence à l’atrocité. Nous sommes partagés entre l’admiration et le dégout, entre le sourire et les larmes.

En plein cœur de l’Amazonie péruvienne, sur les rives de l’Ucayali, Nancy veut être libre. En quête de l’indépendance et de la survie de sa mère et son fils, elle se donne corps et âme dans un combat sans fin. Sa vie se résume à fabriquer du charbon de bois et à le vendre aux potentiels acheteurs. Son fils, adolescent, rêve de Lima, capitale moderne et ultra-consumériste. Sa mère, elle, trop âgée pour continuer à se battre, finit par perdre tout espoir et s’en va mourir, loin du charbon. Le climat économique n’est pas son allié et les acheteurs se font rares. Néanmoins, Nancy continue à lutter, Nancy est une battante.

Ici, on mélange la force et la fragilité. D’une lenteur intéressante, ce film est comme un poème. Il relate des moments de partages, des moments de détresses et des moments heureux. Nous sommes invités à partager pendant une heure et vingt-cinq minutes des moments de vie de cette famille que nous observons en silence. En tant que spectateur, nous nous sentons impliqué au point de ressentir une impression de voyeurisme. Nous voyons des visages gorgés de soleil, souriant malgré le malheur. Nous voyons aussi des yeux, des rides et des voix marqués par la douleur, par l’absence d’espoir…

Bénédicte Liénard et Mary Jimenez ne nous livrent pas un film joué par des acteurs n’ayant aucune idée, ni expériences des personnages qu’ils interprètent. Les acteurs jouent des scènes de leurs vies, et on le ressent. Il n’est pas question de rôles. C’est la vie en direct, l’émotion est d’autant plus grande. On a affaire à un tableau illustrant la dignité de la pauvreté et la rudesse de la vie.

Si vous voulez de l’action et du spectacle, Sobre las brasas n’est pas pour vous. Ce n’est pas une fiction, c’est une porte ouverte à la conscience. Les réalisatrices nous forcent à regarder réellement les choses, à prendre notre temps, celui du présent. Tout ce que nous n’accomplissons pas dans notre quotidien est sollicité pendant sa projection. Ce n’est pas seulement un reportage sur la pauvreté de ces terres, c’est un véritable travail sur soi qui peut s’offrir à nous, à condition de lui donner cette chance. Bercés par un profond humanisme généralement inexistant dans les documentaires, nous sommes amenés à relativiser sur le désordre du monde.

A propos Tatiana Horbaczewski 8 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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