Six pieds sur terre de Jean-Luc Piraux au Varia

De et avec Jean-Luc Piraux, mise en scène de Olivier Boudon
Du 22 janvier au 7 février 2015 à 20h15 au Varia

Après Faut y aller ! et En toute inquiétude, voici Six pieds sur terre, le troisième volet de la série tragicomique signée Jean-Luc Piraux. Trois spectacles que l’acteur a lui-même imaginés et qu’il interprète en solo, sur une scène épurée de tout décor et de toute fioriture. Le ton drôle et léger de la pièce est rapidement donné : abordons les questions les plus graves, soit, mais que ce soit fait sans apitoiement, bien au contraire. Que le parti pris soit celui du rire. Et c’est ce que Jean-Luc Piraux parvient à effectuer avec beaucoup de succès.

Le comédien se met dans la peau d’un homme vieillissant, un peu radoteur, un peu atteint d’Alzheimer. Il prend conscience qu’il ne lui reste plus qu’une vingtaine d’années à vivre, et ce terrible constat soulève en lui une myriade d’interrogations. Chaque idée en fait naître une nouvelle et l’acteur se s’exclamer « Ah ! ça me fait penser », et de se lancer sur un nouveau sujet. C’est à travers la technique de l’association d’idées que le texte trouve sa dynamique. Ce faisant, l’ensemble de l’œuvre pourrait sembler assez décousu et sans doute est-ce volontairement le cas. Piraux ne raconte pas une histoire structurée, il partage avec le public ses souvenirs, ses impressions, ses lubies, ses peurs et ses tracas. Il a l’air de bavarder plutôt que de jouer, à proprement parler. Il fait état de statistiques, rapporte quelques informations glanées ça et là, des informations sans doute aussi fiables que celles auxquelles on aurait droit au café du commerce, à cette différence près qu’ici, on s’en délecte, car elles nous sont racontées avec tant d’humour que l’on ne peut faire autrement que d’en rire.

Le titre Six pieds sur terre annonçait bien la couleur : les thèmes dont le comédien se gausse le plus volontiers sont la vieillesse, le déclin ou le encore l’inéluctable trépas. Bref, des tracas qui ne sont généralement pas à prendre à la légère, peu s’en faut. Et Piraux a beau s’en amuser, certains passages trahissent des interrogations plus profondes, peut-être même existentielles, au nom desquelles notre soliste se mouille littéralement. Tant d’implication et de franchise, tant d’authenticité offre à ce spectacle une sensibilité inattendue, et cela rend la pièce d’autant plus touchante pour nous, spectateurs, qui ne pouvons nous empêcher d’en rire à notre tour.

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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