Rob Dougan : The 22nd Sunday in Ordinary Times et Misc. Sessions

En 2002, l’artiste Rob Dougan sortait l’album Furious Angels , porté par le morceau Clubbed to death, désormais mondialement connu pour avoir été utilisé dans la trilogie Matrix. Cet album donnait corps à un trip-hop rehaussé d’arrangements philharmoniques qui en faisaient une œuvre à part entière, d’une profonde intensité. Le tout était parcouru de textes originaux parfaitement adaptés aux mélodies. De son propre aveu, l’artiste cherchait à « jouer une note argentée qui nous remplit d’espoir et nous mène à manger dans sa main, un accord turquoise qui nous inviterait à nous élever pour voler… vers un pays lointain » (The Drinking Song). Furious Angels s’est ainsi avéré être un album envoûtant, puissant, indémodable et d’une qualité rarement rencontrée.

Pourtant, après ce succès, Rob Dougan ne produisit presque plus rien durant treize années. L’une des rares exceptions à cela fut le morceau The letter en 2009. Le public désespérait d’entendre encore parler de l’artiste jusqu’à ce que celui-ci prenne la parole en novembre 2013 pour annoncer qu’il continuait à écrire et composer, malgré son silence.

Enfin, en 2015, il sortit discrètement un nouvel EP intitulé The 22nd Sunday in Ordinary Time Sessions.

Sur les cinq pistes de cet Extended Play, pas une ne comportait de parties chantées, comme une façon de prolonger encore un peu le silence. Cet album, bien que trop court, témoignait d’un retour en force de l’artiste et laissait présager le mieux. En témoigne la mélodie envoûtante The Return. Un disque extraordinaire ! Aucun album ne suivit cependant cette nouvelle production.

L’australien reprit néanmoins le chemin des studios en mai 2016 et produit un deuxième EP cinq mois plus tard sans que personne ne semble s’en apercevoir ! Cette nouvelle réalisation, intitulée Misc. Sessions, comportait cette fois-ci cinq morceaux chantés suivit de huit pistes instrumentales.

Comme un écho aux trompettes angéliques de The Return, la pochette de Misc. Sessions donne à voir un ange tombant du ciel et annonce une tonalité plus sombre que confirment les textes de l’album : « Les rêves sont comme des berceuses, la voix d’une mère lorsque nous étions jeunes, une précieuse photographie qui s’efface au soleil d’été. Nous dressons des rapaces quant il nous faudrait libérer des colombes. J’ai été brisé par Londres, Londres et un manque d’amour » (Undone by London), ou encore « Elle s’en va, et je ne peux pas me permettre de la regretter » (She’s leaving).

Une fois encore, bien que très court, cet album offre un concentré de puissance musicale et est parcouru de morceaux envoûtants comme le très beau Open sore [« Your eyes can save me. Save me from myself »]. S’il est à déplorer que Rob Dougan semble être passé par une rupture sentimentale, on ne peut que se réjouir que le corolaire à cela soit la production de ces nouvelles chansons.

The 22nd Sunday in Ordinary Times Sessions et Misc. Sessions sont deux albums bruts, presqu’inaboutis, de simples Extended Play destinés à annoncer un album futur. Mais ces deux EP contiennent de pures merveilles musicales qui montrent que Rob Dougan n’a rien perdu de sa force depuis Furious Angels et augurent un futur album qui s’annonce magnifique !