Rencontre avec Thomas Fersen

Toujours plus surprenant, Thomas Fersen nous revient avec un superbe album: Thomas Fersen & The Ginger Accident (chez Tôt ou Tard). Un album résolument différent de ce que l’on avait l’habitude d’entendre chez le dandy. Thomas nous révèle quelques secrets sur la fabrication de cet album…

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Thomas Fersen, bonjour et merci de nous accorder cette entrevue.Tout d’abord pourquoi ce titre « Ginger Accident » ?

Parce que c’est le nom du groupe. C’est l’identité de ce disque et c’était indispensable de l’appeler comme ça parce que c’est l’aventure de ce disque c’est la rencontre avec cette formation qui a donné ce son à mon disque. Après, c’est vrai que j’aurais pu donner un titre en plus mais ça fait beaucoup de bla-bla (rires)

Comment s’est passé cette rencontre ?

C’est un hasard. Je tournais avec l’histoire du soldat cet hiver. (Qui est un conte de Stravinsky). Et puis je passe par Villefranche Sur Saone au théâtre Et là, après le spectacle, à l’entrée, un ami me parle d’un festival de musique actuelle qu’il organise.Et il me donne une compilation avec les gens qu’il avait invité cette année là. Et les Ginger Accident étaient en 15 eme position A ce moment-là, j’avais déjà enregistré mon disque et j’étais en train de réfléchir à des arrangements supplémentaires. Et je tombe sur eux. Je me demande alors «Est-ce que je leur demande de collaborer sur mon disque? » Et plus j’écoute, plus j’aime le son du groupe. Y a une cohésion et une identité de groupe qui est là, etc… Du coup, j’ai retrouvé la trace de ce mec sur internet, je suis tombé sur leur tourneur, etc.. Puis je l’ai appelé et je lui ai confié quatre chansons. Et voilà, c’est arrivé comme ça.. Et on a donc décidé de réenregistrer entièrement l’album.

C’est assez particulier comme démarche…

Oui, c’était beaucoup de travail, mais je pense que ce projet était aussi plus prometteur.

Cet album sonne plus années 60. Etes-vous nostalgique de cette époque?

Non, je ne pense pas non plus que les Ginger le soient plus d’ailleurs. Ils ont une façon de jouer qui n’est pas non plus à la manière d’un musée, d’une réplique de ce qui se faisait exactement à cette époque. Ils ont parfois de curieux mélanges avec les cordes enregistrées à Calcutta, les choeurs de voix d’adolescents,… Ils avaient déjà fait ça sur un premier album (c’est d’ailleurs comme cela que je les ai connu) où l’on retrouvait déjà ces voix d’adolescents et surtout cette dynamique avec des arrangements qui partaient dans tous les sens. C’est essentiellement cela qui m’a appelé. De plus, je trouvais que la texture de leur son et de ma voix pouvaient bien se marier.

Comment avez-vous répartis les rôles au niveau de la composition ?

Je me suis chargé de composer la musique et les textes et ils ont fait les arrangements et habillé les choses.

Justement, suite à cet album et ce son particuliers, comment va se passer la prochaine tournée? Allez-vous tourner avec eux?

Non, les Ginger Accident ne sont pas un backing band. D’ailleurs c’était la première fois qu’ils participaient à un projet comme celui-ci. Ils ont leurs propres projets, ce qui fait que l’on ne tournera pas ensemble. Mais par contre, ils m’ont aidé à constituer l’équipe. Celle-ci est composée d’un batteur et d’un bassiste qu’ils connaissaient (et qui fait d’ailleurs des remplacements chez eux de temps en temps). Puis il aura des cuivres et aussi Pierre Sangra à la guitare comme d’habitude. Et d’un claviériste.

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Vous utilisez souvent le ukulélé dans vos chansons…

Oui, il est là depuis 1997 sur mes disques. Parfois juste pour m’accompagner, mais il est toujours là.

Il y a quelques années, vous avez fait une tournée avec Pierre Sangra dans laquelle vous proposiez de jouer votre répertoire au Ukulélé. Est-ce que l’on peut s’attendre à vous voir de nouveau sur scène avec ce concept ?

Non , je ne pense pas. Du moins, pas sous cette forme. A l’époque, on avait fait une grosse tournée et c’était drôle de faire ces 80 dates en tout petit.

D’où tirez-vous l’inspiration pour vos textes ?

C’est quelque chose que je ne choisis pas. Mais je me rend compte de quelques singularités de notre civilisation qui révèlent un côté humain qui me plait beaucoup et me fait sourire. (La passion que l’on peut avoir pour les chaussures par exemple.) Il y a des raffinements qui sont touchants.

Vous mettez d’ailleurs beaucoup en avant ce côté raffiné…

Oui, je trouve qu’on est une civilisation à la fois très raffinée et compliquée. Et on est beaux en ça. C’est ma façon de peindre ma culture, ma civilisation. Et puis j’aime amuser et faire voyager les gens.

Toujours avec un regard décalé…

Oui, parce que je pense que c’est ça aussi qui fait entrer de l’air frais dans la vie des gens. C’est ça qui est séduisant y compris pour moi parce que je voyage avec eux.

Il y a une cassure avec l’album précédent où vous peigniez une ambiance baroque avec des personnages plus 19eme siècle …

En effet, celui-ci est beaucoup plus moderne. Tous ces personnages sont allés se reposer. Ici, il est peut-être plus question de mon personnage paresseux qui avait été évoqué dans Deux pieds, Les pies ou encore Les cravates.

Le graphisme de la pochette est aussi très différent

Cela se voit tant que ça ?! (rires) Oui, en effet, mais cette fois, on revient à la photo. C’est quelque chose que je ne peux contrôler mais en même temps je me reconnais dans cette photo pour plusieurs raisons. Il y a tout d’abord les chaussures : symbole de mon attachement à cette civilisation compliquée qui est la nôtre. Au départ, c’est simplement destiné à protéger les pieds. Et c’est devenu autre chose : un objet fantasmé et érotique. Je trouve que c’est vraiment la cristalisation d’une civilisation dans un objet. Donc je suis content de les montrer. Et puis il y a cette danse qui indique d’uil va y avoir du mouvement, que ça va bouger. Il y a un côté sixties dans la photo. Et enfin, le pantalon qui est un peu le fil rouge de ce projet que l’on fait sur scène. Pour une fois ce n’est pas un thème récurrent, ici, c’est les vêtements. Car j’y suis très attaché.

Thomas Fersen se produira le 13 mars 2014 au Cirque Royal

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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