Rencontre avec Aurélia et Esteban du groupe Ghost Around My Ear

Nous avions récemment chroniqué Hidden Side, le premier EP de Ghost Around My Ear. Ce disque nous avait tellement séduit que nous avons voulu en savoir plus sur ce groupe et son parcours. Aurélia et Esteban nous ont donné quelques éclairements au travers d’une interview: 

Bonjour,

Merci pour cet interview.
Pour commencer, pouvez-vous nous parler de la création du groupe?

Esteban: On s’est rencontré un peu par hasard, à l’époque je dépannais un groupe d’amis en les enregistrant dans mon home studio, c’est comme ça qu’ils m’ont amené Aurélia pour un test à la voix sur une de leur compo. Après on a gardé contact et j’ai décidé de composer quelques morceaux pour sa voix à la suite de quoi nous avons travaillé ensemble sur l’univers qui entoure le projet. Puis on a cherché des musiciens pour compléter le line-up. A la base personne ne se connaissait, c’est une succession d’heureux hasards qui ont contribué à faire naître Ghost Around My Ear.

Pourquoi ce nom Ghost Around My Ear ? Qu’est-ce que cela symbolise?

Aurélia: C’est Esteban qui a trouvé le nom du groupe. On savait qu’on voulait un nom en rapport avec la schizophrénie, et qui puisse avoir un acronyme (en l’occurrence, GAME) qui soit facile à retenir. Le fantôme qui rôde en permanence autour de notre oreille symbolise la voix qui nous souffle des choses inquiétantes ou rassurantes, celle qui nous pousse à agir avec ou sans notre accord conscient.

Esteban: La dualité est omniprésente dans ce projet, tant sur le travail des voix, desinstrumentations ou des artworks, c’est vraiment notre ligne directrice.

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Quelle est l’histoire racontée au travers de cet Ep?

Esteban: L’histoire c’est vraiment construite d’elle-même. Au début les morceaux n’avaient pas forcément de rapport les uns avec les autres, mais comme si les pièces d’un puzzle s’assemblaient au fur et à mesure du travail autour du projet, on a fini par vraiment avoir une image claire et précise de notre concept et on a continué de le développer pour qu’il corresponde à cette ambiance.

Aurélia: Hidden Side raconte l’histoire d’un personnage qui souffre d’un trouble de la personnalité multiple et de paranoïa. On comprend au fur et à mesure de l’EP qu’il entend des voix et qu’il sombre progressivement dans sa propre noirceur en tuant certaines personnes, submergé par diverses émotions qu’il est incapable de gérer. Il est perpétuellement torturé et partagé entre le regret, la haine, la jalousie, la peur, la colère, ou encore le plaisir de venir chaque jour observer une de ses victime en train de se décomposer. On comprend dans le dernier titre, White Monster, que le monstre blanc est en fait le médecin hospitalier de notre personnage, et que la thérapie consistait à éliminer une par une les différentes voix… D’où les meurtres précédents. Je pense qu’il faut vraiment réécouter plusieurs fois l’EP pour mieux saisir chaque détails et secrets de l’histoire.

Hidden side est un disque également très intéressant de par cette dualité que l’on retrouve notamment au niveau des chants.

Comment avez-vous travaillé cette répartition des rôles lors de l’élaboration des chansons? 

Aurélia: On essaye de répartir les textes de façon équitable. Esteban et moi avons chacun notre propre palette de différents chants saturés, donc en général chacun sent quand et comment il aimerait poser sa voix, et pour l’autre ça coule de source car ça s’inscrit dans la logique du morceau. On essaye surtout de jouer avec nos timbres de voix pour donner plus de profondeur dans les passages lourds par exemple, et de superposer différentes structures rythmiques pour plonger l’auditeur dans le cauchemar de la schizophrénie.

Esteban: Ça a été un véritable travail en commun, mes influences étant très « core nouvelle génération » alors qu’Aurélia berce dans plusieurs styles de musiques, métal ou autre, on avait pas du tout la même conception du chant et de la façon de le poser sur les morceaux. Au moment d’enregistrer les maquettes on a beaucoup travaillé sur ça, ce qui nous a permis à chacun de sortir de son propre registre pour explorer celui de l’autre et faire quelque chose d’assez original.

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Avez-vous dû changer les paroles des chansons après avoir testé certains titres ou revenir sur certaines parties pendant l’enregistrement?

Aurélia: En fait lorsqu’on compose le chant, on enregistre les pistes sur une maquette au fur et à mesure, ce qui est très pratique car ça nous permet de bien visualiser chacun nos parties et de les retravailler quand on veut si besoin. Quand on arrive à l’enregistrement définitif, bien sûr il y a des modifications, mais le plus gros est déjà fait.

Esteban: Oui en général on « one-shot », il nous est arrivé de modifier une structure en ajoutant un riff et un couplet ou de changer le type de voix, mais jamais réellement de remanier les paroles.

Vous avez déjà une certaine expérience de la scène. Quel est votre meilleur souvenir sur scène?

Aurélia: Je pense qu’on se souviendra toujours de nos concerts à Amiens, au Sombrero (qui a fermé depuis malheureusement…). La toute première fois les gens ne nous connaissaient évidemment pas et étaient surtout venu voir les groupes locaux, donc on ne savait pas trop à quoi s’attendre, et le trac se faisait sentir pour ma part. Quand on a commencé à jouer, on a tout de suite vu leur surprise et on a partagé un moment vraiment fou ensemble. Il est difficile de décrire l’intensité de ce que procure le partage de la musique entre le public et la scène mais je pense que la buée sur les vitres en témoignait assez bien! C’est à ce concert qu’on a découvert nos premiers fans, qu’on adore et qui nous suivent depuis.

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Esteban: On a passé tellement de bons moments sur la route et rencontré tellement de personnes adorables. C’est vraiment une expérience humaine incroyable, j’avoue que c’est difficile pour moi de choisir un moment particulier. Chaque concert est unique et j’en garde un souvenir précieux, mais je rejoins Aurélia sur le fait qu’à Amiens on a vraiment beaucoup apprécié cette proximité avec le public.

Vous avez notamment joué en Belgique. Qu’avez-vous pensé de la réaction du public?

Aurélia: Lorsque nous avons joué en Belgique c’était en tant que participant au tremplin pour le Durbuy festival, donc nous étions tous jugés sur notre performance et tout un tas de critères scéniques. Dans ce genre de contexte, les amis respectifs des groupes n’ont pas trop intérêt à manifester leur enthousiasme quand ce sont les autres qui jouent, pour ne pas influencer le jury dans leur décision finale. Malgré tout on a eu un public assez fair-play et on a fait connaissance avec des groupes vraiment géniaux comme 7 WEEKS, Warfaith, Sleeper’s Guilt, Sublind. On gardera un très bon souvenir de la Belgique, et de la générosité des gens la bas!

Vous semblez clairement avoir trouvé votre voie musicalement. Ce disque est cohérent et a un univers particulier.

Avez-vous fait des recherches sur le style qui vous convenait le mieux?

Esteban: On a pas vraiment fait de recherche au niveau du style, j’ai directement tapé dans mes propres influences de l’époque, du gros métal qui tache avec des breaks très orientés deathcore et j’ai soumis les compos à Aurélia pour voir comment elle allait poser sa voix dessus. Après on ne se donne pas de limite dans la composition, si un riff passe il n’y a pas de raison qu’on ne l’y mette pas, peu importe si c’est de la bossa-nova ou du rap, pourvu que ça nous plaise !

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Pourriez-vous nous parler un peu de l’évolution du groupe et de son line-up?

Aurélia: En 2012 Esteban et moi avons décidé de monter cette formation, et nous avons donc commencé à en recruter les membres. Louise et Guillaume furent les premiers à faire partit du groupe. Nous avons eu un autre guitariste avec lequel nous avons fait pas mal de dates en 2013 et début 2014, mais ça n’a pas fonctionné donc pour l’instant nous avons une guitariste de session. Matthieu, notre bassiste a rejoint le groupe en 2013.

Esteban: On a vraiment décidé de chercher des musiciens en dehors de nos connaissances actuelles dès le départ pour augmenter notre cercle. On a pas mal galéré pour en trouver, car on cherchait vraiment des gens inspirés par le projet et aillant la même mentalité que nous. Aujourd’hui notre base est plutôt solide, Elise, guitariste du groupe Gargantua nous a beaucoup dépanné sur nos dernières dates en tant que session, mais la on doit auditionner de nouveaux guitaristes et on espère trouver la perle rare !

Avez-vous des projets actuellement?

Aurélia: Nous sommes en train d’enregistrer un nouveau titre en ce moment, qui se démarque de ce qu’on a fait précédemment. Vous le trouverez sûrement plus violent et plus complexe, en tout cas on a hâte de vous le faire découvrir!

Esteban: On travaille sur pas mal de chose, le clip live de notre titre White Monster vient de sortir, et effectivement nous sommes sur l’enregistrement d’un nouveau titre qui raconte la genèse du personnage de Hidden Side. On travaille aussi sur d’autres sorties, mais ça on en parle pas pour le moment, ce sera la surprise !

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Pour terminer, avez-vous des dates prévues pour cette année?

Esteban: Comme on est pas encore vraiment stable dans le line-up on a pas encore bossé sur le booking de cette année.
On en profite pour enregistrer de nouvelles choses, composer de nouveaux morceaux. Mais pas d’inquiétude, ça ne saurait tarder.

Merci beaucoup pour votre gentillesse.

Aurélia: Merci à vous!

A bientôt sur la route !

 

Pour plus d’infos sur GAME, rendez-vous sur leur page Facebook en cliquant ici.

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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