Réédition d’Autobiographie d’une machine ktistèque

auteur : Raphaël A. Lafferty
éditions : Actes Sud
date de sortie : mars 2014
genre : Exofictions

Dans le cadre de leur nouvelle collection « Exofictions », les éditions Actes Sud sortent pour ce printemps 2014 le roman de Raphaël A. Lafferty, Autobiographie d’une machine ktistèque. Pour la première fois éditée en 1974 dans la collection « Ailleurs et Demain » chez Robert Laffont, l’histoire d’Epikt, la machine Ktistèque était devenue difficile à trouver depuis. L’œuvre de Raphaël A. Lafferty est pourtant unique dans le champ de la science-fiction américaine. Son auteur, grand amateur du courant absurde, y bouscule les frontières du genre.

L’histoire raconte d’un point de vue interne la vie d’un être mécanique. Epikt, la machine Ktistèque, a été créée par une bande de scientifiques borderline travaillant au sein de l’Institut pour la Science Impure. L’être de cellogel que forme Epikt a reçu tous les précis de ses créateurs afin de rassembler en lui les plus brillants esprits de ce monde. Il a été créé pour aider l’homme dans sa quête infinie du savoir. Mais pour Epikt, afin de mener sa mission à bien, il est nécessaire de connaître et de comprendre tous les éléments de cette planète. Avide de savoir, la machine récolte sans cesse de plus en plus de précis. Elle s’intéresse, dit-elle, à ces êtres inférieurs qui composent le monde. Dans un premier temps, il s’agit juste d’engranger de plus en plus d’informations mais, pas à pas, l’être amoral qu’est Epikt va apprendre à aimer les personnes qui l’entourent et à les aider dans leurs projets, plus utopiques les uns que les autres.

Lafferty joue un tour de force en adoptant avec tant de justesse ce que pourrait être la conscience d’une machine évoluée, supérieure à l’espèce humaine. Le roman se construit au fil de la pensée de cet être qui ne fonctionne pas comme nous. Sa logique et sa chronologie ne s’accordent pas avec nos propres repères. L’ensemble forme un tout désarticulé et complexe qui nous est étranger. Ainsi, la forme sert le propos et si le lecteur ne comprend pas toujours le cheminement suivi par l’auteur, c’est parce qu’il dispose d’un esprit bien inférieur à la machine qui revient sur sa propre histoire.

En réalité, Lafferty utilise un vocabulaire particulièrement riche et extravagant. Il entrechoque les références les plus diverses dans les contextes les plus décalés. Il travaille l’absurde à chaque page. Il nous emmène dans un monde où ce n’est, au final, pas le récit qui importe mais la forme. Le lecteur se voit alors à la fois tomber dans une certaine addiction le poussant à comprendre et à la fois être assez revêche envers cette absence de cheminement cohérent.

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