[Ramdam 2017] A German Life : Brunhilde Pomsel, le dernier témoin du régime nazi

Réalisateur : Christian Krönes, Olaf S. Müller, Roland Scrotthofer et Florian Weigensamer
Durée : 113 minutes
Origine : Autriche
Année: 2016

Brunhilde Pomsel, 105 ans, est le dernier témoin vivant ayant vécu avec les « leaders » du régime nazi. De 1942 jusqu’à la fin de la guerre, Brunhilde a travaillé comme sténographe au service du ministre nazi de la propagande, Joseph Goebbels. Dans ce documentaire, elle nous raconte son histoire et nous explique qu’elle n’avait aucune connaissance des horreurs qui déroulaient à l’extérieur de son bureau, tranquillement installé dans la demeure de Goebbels.

Les quatre cinéastes ont réalisés un film sous la forme d’une entrevue. Le dispositif filmique est simple. Le visage de Brunhilde en gros plan ne laisse manquer aucun détail de son visage craquelé. Le fond noir et neutre, place le spectateur dans une ambiance intimiste, comme-ci nous étions en ce moment avec elle.

C’est un monologue sans commentaires. La parole de la centenaire est au centre du documentaire, entrecoupée par des courts films d’archives qui illustrent les discours propagandistes de l’époque et qui montrent l’horreur des camps de concentration. Le montage se veut hypothétique et intemporel. Il dépend du discours de Brunhilde qui parle d’une manière calme et réfléchie. Ses nombreux instants d’hésitations et de réflexions, conservés dans le montage, en disent long et nous rend sceptique. Les séquences de conversions longues, sans musiques et sans interventions donnent au reportage un côté très personnel et minimaliste.

Brunhilde Pomsel se décrit comme une femme apolitique bien qu’elle fut proche d’un des pires criminels de l’histoire nazi. Elle n’hésite pas à mettre au défi tous ceux qui mettent en doute son innocence parce qu’il est « facile de juger ses aînés, de s’imaginer en héros de la résistance tant que l’on n’a pas été mis à l’épreuve ». Car Brunhilde n’est pas une criminelle, ce n’est qu’une personne qui incarne la majorité d’entre nous. Elle cherchait juste à mener sa vie en restant éloignée des horreurs qui se déroulaient sous ses yeux. Le spectateur, mal à l’aise, se demande automatiquement : comment aurai-je réagi si j’avais été dans sa situation ?

Son incroyable biographie est aussi dans l’air du temps. Brunhilde nous met en garde car des jours sombres semblent bientôt arriver à cause de la crise économique mondiale, du chômage, … Nous sommes effectivement dans une situation similaire, ce qui rend le documentaire moderne et intemporel.

A German Life a trouvé sa place dans le Ramdam Festival du Film qui dérange. Oui, ce documentaire est dérangeant mais reste plus convainquant et révélateur que certains films sur le nazisme, la guerre et l’Holocauste. Est-ce un discours pour se donner bonne conscience ? Se cache-t-elle sous une seule vérité qui est la sienne ? Est-ce une manière de défendre un peuple entier victime des erreurs commises par une minorité ? À vous d’en juger.

A propos Alphonsa-Madel Bocklant 32 Articles
Journaliste du Suricate Magazine