Portrait de groupe avec parapluie de Violette Cabesos

auteur : Violette Cabesos
édition : Albin Michel
sortie : septembre 2016
genre : polar 

Marthe est une septuagénaire qui s’est prise de passion sur le tard pour l’histoire de l’art. A l’occasion d’un concours de peinture sur chevalet dans la ville de Provins, Marthe s’enfonce dans les galeries souterraines à la recherche d’un coin tranquille où poser ses pénates. C’est alors qu’elle fait une macabre découverte : elle retrouve une jeune fille assassinée couverte de peinture, qui se trouve au centre d’une composition picturale. Cette étrange composition évoque quelque chose à la vieille dame sans qu’elle n’arrive à mettre le doigt dessus. Par une suite de coïncidences malheureuses, Marthe et ses deux vieilles amies vont se retrouver au centre de cette affaire et risquer jusqu’à leur vieille liquette fripée.

Il est rare de trouver des enquêtes policières dont les héroïnes sont percluses de rhumatismes, couvertes de rides et pourvues d’un embonpoint certain accompagnée qui plus est par Arthur un vieux bouledogue fainéant et baveux à souhait qui, après avoir survécu à un empoisonnement aux solvants et autres produits toxiques qu’il avait essayé d’avaler dans l’atelier de sa maîtresse, aura lui aussi son heure de gloire.

Tous ces personnages, et justement parce qu’ils ne sont pas ordinaires, permettent de nous attacher à eux et d’avoir envie de suivre leurs péripéties. En parallèle, les chapitres consacrés à l’assassin distillent le mobile avec subtilité en nous plongeant dans une époque bouillonnante de couleurs et de recherches de plus en plus profondes pour transfigurer l’art de la peinture à travers les souvenirs que lui avait légué sa grand-mère, amie intime de ces grands artistes. On côtoie ainsi les plus grands peintres qui ont surtout marqué les esprits au sortir de la Seconde Guerre mondiale (ils étaient moins connus avant) tels que Picasso, Derain, Braque, Matisse, Soutine Modigliani, etc. Un paradoxe puisque l’intérêt des compositions de l’assassin est de « tuer » leur œuvre. On n’en dit pas plus.

Violette Cabesos nous offre avec Portrait de groupe avec parapluie un étonnant roman policier sur fond d’histoire de l’art avec d’attachantes héroïnes grabataires. Le tout est lié par un humour bien dosé, des personnages bien définis et un suspense assez bien construit. Un livre facile à lire où le côté obscur de l’histoire de l’art – entendons la petite histoire, celle qu’on aime volontiers reléguer aux oubliettes – est érigé en star et qui aurait tout à fait sa place au pied du sapin de Noël.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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