Playlist c’est du belge volume 3 : Le rock belge des années 60 à 80

La scène rock belge actuelle regorge de groupes possédant une certaine notoriété et parfois aussi un certain talent. Si on connait les K’s Choice, Deus et autre Mud Flow, le public actuel connait probablement moins Burt Blanca, Waterloo ou encore Irish Coffee. Pourtant, ces groupes connurent un certain succès dans les années 60, 70 ou 80. Et même s’ils sont moins célèbres que nos groupes actuels, croyez-moi, ils sont au moins tout aussi talentueux.

Cette playlist vous fera (re)découvrir certains de ces groupes, plus ou moins célèbres mais qui ont un point commun : le talent. Nous en avons choisi dix, conscients que nous aurions pu vous parler d’une centaine d’autres groupes. Car oui, à défaut d’être restée dans toutes les mémoires, la scène rock belge a toujours été riche en qualité.

Burt Blanca : Texas Rider

Norbert Blancke de son vrai nom, Burt Blanca fut au début des années 60 une de nos fiertés nationales. Véritable petit prodige, il donnera nombre de concerts mémorables en compagnie des King Créoles. Alternant reprises des standards du rock’n’roll et ses propres compositions, il partagera l’affiche de nombreux concerts avec les légendes que sont devenus les Animals, les Kinks ou encore de Gene Vincent. Le morceau Texas Rider est un morceau instrumental issu de son cinquième single. Un bon rock bien construit, dans un style que l’on pourrait comparer pour le grand public à celui des Shadows.

Burt Blanca n’a depuis jamais vraiment arrêté la musique. Dans les années 80, il connaitra un succès monstrueux en Afrique du Sud avec son titre Clap Clap Sound, se classant pas moins de 25 semaines en tête des ventes. Qui a dit que le son belge s’exportait mal ?

 

Les Cousins : Kili Watch

Toujours au début des années 60, naquirent les Cousins, du nom du Club bruxellois qui les vit naitre. Pour la petite histoire, le patron du « Les Cousins » avait décidé en 1960, pour fêter le premier anniversaire de son club, de faire enregistrer un 45 tours. Il tomba sur un orchestre (ndlr : A l’époque on parlait d’orchestre pour désigner un groupe) local nommé La Jeune Equipe, qui lui proposa entre autre le morceau Kili Watch. Et c’est ainsi que fut enregistré un de nos morceaux rock les plus célèbres. Assez court, et assez simpliste, Kili Watch n’en reste pas moins un très bon titre sur lequel des hordes de danseurs se sont déhanchés frénétiquement. Quelques mois plus tard, Johnny Hallyday lui-même, en voyant le succès mondial du titre, le repris sur son album Nous les Gars, Nous les Filles.

The Shakes:  Dust My Blues

Fin des années 60, il n’y avait pas que les Anglais qui pratiquaient du bon rock. Ainsi, The Shakes, jeune groupe Bruxellois, proposa durant quelques années un blues rock, tirant sur le psyche bien senti.  Des membres originaux, on retiendra la présence de Dany Lademacher, connut entre autre pour sa participation dans les groupes Kleptomania et The Radios. Si la chanson qui va suivre vous plait, sachez qu’à l’occasion du Records Store Day 2013, est sorti une compilation en vinyle des meilleurs titres des Shakes, qui comme tant d’autres groupes à l’époque, ont la particularité de ne jamais avoir sorti d’albums. Les premières secondes de Dust My Blues, le morceau que nous avons choisi pour vous, vous feront assez rapidement entendre que nos Shakes nationaux étaient tout sauf des manchots.

 

Jenghiz Khan : Trip to Paradise

En 1970, lorsque Jenghiz Khan enregistra son premier et seul album, ses membres ne se doutaient pas que 45 ans plus tard, celui-ci serait encore considéré comme une véritable petite perle. Derrière une pochette sanguinaire, se cache Well Cut, un album prenant et magique. Inconnu par une grande partie de la population belge, Jenghiz Khan et son Well Cut possède  pourtant des fans à travers le monde entier, n’hésitant pas à s’arracher l’album original à une centaine d’euros sur le net. Si cet opus fut une franche réussite, c’est en partie grâce au chant angélique de .. Pierre Raepsaet. Oui oui, vous avez bien lu, c’est bien Pierre Rapsaet ou Rapsat si vous préférez que l’on peut entendre sur Wel Cut, dans un style très différent de celui qui fera sa renommée par la suite. Pour en revenir à Jenghiz Khan, Trip to Paradise est la dernière plage de l’album. Ce long voyage de plus de dix minutes conclut celui-ci de la plus belle des manières.

 

The Pebbles : Mackintosh

Dirigeons nous maintenant vers le nord du pays et plus précisément dans le district anversois d’Hoboken. C’est là qu’en 1965, se forma The Pebbles, groupe encore très populaire actuellement dans le nord de la Belgique. Au milieu des années 60, le groupe connut également un certain succès, notamment en Espagne et en France. C’est d’ailleurs à Paris qu’ils partagèrent l’affiche avec Jimi Hendrix et les Small Faces. Un de leur morceau, Incredible George, vantait les mérites de George Harrison. Ce dernier apprécia beaucoup le titre et The Pebbles faillit signer avec Apple. Malheureusement pour les Anversois, ce ne fut finalement jamais le cas, leur label Barclay ne souhaitant pas lâcher une de leur poule aux œufs d’or. Mackintosh sorti en 45 tours en 1969. Il représente assez bien le pop rock très dansant que pratiquait le groupe à cette époque.

Irish Coffee : Masterpiece

Ce n’est pas le premier de cette playlist, mais voici un nouvel exemple d’excellent groupe belge injustement méconnu du grand public, mais adulé par une communauté de passionnés. Et quand on écoute leur album éponyme, sorti à peine à 3000 exemplaires en 1971, on comprend cet engouement. Tout y est superbement exécuté, des parties très inspirées du guitariste Jean Van Der Shueren aux envolées classiques du claviériste Pol Lambert. Au vu de la qualité de leur musique, on pourrait sans hésiter les appeler les Deep Purple ou les Uriah Heep belge. Irish Coffee a également sorti une série de 45 tours, dont Masterpiece, sorti la même année que leur fameux album. C’est ce 45 tours que nous avons choisi de vous faire partager, mais n’hésitez pas un instant à écouter le reste de leur courte mais fabuleuse discographie.

Waterloo : Meet Again

Intéressons-nous au Saint graal des amateurs de rock psychédélique belge : l’album First Battle du groupe Waterloo. Composé par de talentueux et expérimentés musiciens, il mélange influences et instruments, nous faisant penser tour à tour à du Jethro Tull, The Nice ou encore Deep Purple. Qui sait quel succès auraient pu connaitre Waterloo si ils étaient nés Anglais ? Encore une fois, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans l’entièreté de l’album et il n’est pas facile d’en sortir une chanson unique pour vous les présenter. Meet Again est la première piste du LP et également le single choisi à l’époque pour faire la promotion de First Battle. Une dernière chose, si vous désirez vous procurez la version originale de l’album, demandez à votre banquier quelques centaines voire milliers d’euros. Quand on vous disait qu’il s’agissait du Saint Graal belge.

 

Machiavel : Rope Dancer.

Machiavel n’est plus à présenter. Présent sur la scène belge depuis les années 70, le groupe a sorti nombre d’albums de qualité dont entre autre les excellents Jester et Mechanical Moonbeams. Mais au-delà de leur riche discographie, deux chansons ont participé plus qu’activement à cette reconnaissance : Le tonitruant Fly et le langoureux Rope Dancer. Issu de l’album Mechanical Moonbeams, Rope Dancer fut le premier grand succès du groupe et permit au groupe de Marc Ysaye d’obtenir son premier disque d’or. Ce n’est peut-être pas le morceau le plus représentatif de la carrière du groupe, mais il permet d’introduire un peu de douceur dans cette playlist rock. Baissez la lumière et dansez avec votre campagne (ou votre chaise), trip romantique garanti !

TC Matic : O La La La :

On a tendance à l’oublier, mais avant de connaitre une brillante carrière solo, Arno fit partie pendant 6 ans du groupe TC Matic avec lequel il réalisera 4 albums. Le groupe fut fondé à l’origine en 1980 par Arno et Jean-Marie Aerts, qui voulaient apportés une touche plus moderne à leur carrière. Savant mélange de multiples genres, ce côté bien décalé qui fait encore aujourd’hui le succès de Arno était déjà bien présent à l’époque. Parfait résumé de ce que proposait le groupe, le morceau O La La La (à ne pas confondre avec Ob-La-Di Ob-La-Da) est le morceau phare de TC Matic. Hymne des fins de soirée de la Rue Dansaert, O La La La est à consommer avec alcool et modération.

 

Hubble Bubble : Pogo Pogo

Intéressons-nous un peu à la mouvance Punk car l’air de rien, nous avons eu quelques solides représentants de ce style en Hellgium. Fondé en 1973, Hubble Bubble sort son premier album en 1977. Parmi les membres des groupes, un certain Roger Junior se distingue comme auteur compositeur chanteur et batteur. Si je vous dis que derrière ce pseudonyme, se cache notre punk le plus célèbre, vous pensez à qui ?? Je vous laisse encore quelques secondes de suspens…. A Plastic Bertrand bien entendu! Pour la petite histoire, le manager de Hubble Bubble présentera Plastic à un autre manager, du nom bien connu de Lou Deprijck, qui utilisera alors l’image de Plastic Bertrand pour vendre ce qui deviendra un succès monstrueux : Ça plane pour moi. Pour en revenir à Hubble Bubble, le morceau choisi ici, Pogo Pogo est un titre issu du premier album du groupe. Comme vous l’entendrez, le groupe y pratique un gros punk qui tache, qui fait du bruit et qui ne sauvera pas la reine. Annnnaarchiiiiiiiiiieeeeee

 

 

 

Nous espérons vous avoir fait découvrir quelques bons artistes et que continuerez par vous-même à fouiller dans les méandres de l’histoire du rock belge. Pour vous y aider, nous vous conseillons plus que vivement d’aller jeter un œil au site www.memoire6070.be , qui effectue un travail remarquable de présentation des différents groupes de la scène belge à cette époque. Nous avouons sans aucune gêne nous être aidés de leurs très belles chroniques pour réaliser certains de nos petits portraits.

Cette Playlist a été réalisée en hommage à mon père pour qui une partie de ces groupes représentaient bien plus que de la musique.

A propos Julien Sterckx 125 Articles
Mais tu dis Que le bonheur est irréductible Et je dis Et il dit Que ton espoir n´est pas si désespéré A condition d´analyser Que l´absolu ne doit pas être Annihiler Par l´illusoire précarité De nos amours Destitué(e)s Et vice et versa

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