Planetarium, vos paupières sont lourdes…

Planetarium

de Rebecca Zlotowski

Drame

Avec Natalie Portman, Lily-Rose Depp, Emmanuel Salinger

Sorti le 15 février 2017

Paris, fin des années 30. Ce film retrace l’histoire des sœurs Barlow, Kate (Lily-Rose Depp) et Laura (Natalie Portman), deux jeunes mediums américaines. Fasciné par leur don, un producteur de cinéma, André Korben (Emmanuel Salinger), les engage pour tourner dans un film unique qui pourrait révéler la part surnaturelle du don qui unit les deux sœurs.

La première scène nous plonge dans un univers sombre et énigmatique laissant présager d’un film plutôt noir et mystique. Le jeu approximatif de Nathalie Portman en français nous fait un peu tressaillir, mais la retrouver ensuite dans sa langue maternelle nous soulage. On entre alors dans l’univers du cabaret et le mystère qui s’en dégage nous met dans les conditions idéales d’un bon thriller psychologique voire psychanalytique.

L’histoire se poursuit avec une séance de spiritisme chez le producteur et l’apparition d’une personne mystérieuse habillée de cuir qui étouffe ce dernier, nous donne envie de connaître les tenants de ce personnage énigmatique. On brûle de voir l’histoire nous emmener dans un quasi hui-clos où ce personnage prendrait forme au fur et à mesure du récit. Les références au « Giallo » de Mario Bava et Dario Argento intriguent et posent des codes qui font saliver. S’ensuit une mise en abîme cinématographique qui pose un univers et de nouvelles directions qui confortent cette recherche de l’invisible et du surnaturel, l’ancrant dans une époque troublée.

Mais on est vite déçu car l’indigence insupportable de la suite du récit, nous laisse dans la contemplation d’un monde fade et futile. Le personnage le plus intéressant, Kate, est éludé tout au long de l’histoire : lorsqu’on assiste enfin à une scène qui pourrait nous divertir quelque peu et répondre à certaines questions, on nous offre la vie insipide de sa sœur et l’ennui s’installe. Au lieu de partir dans la direction la plus fantastique, on a la sensation que Rebecca Zlotowski prend un malin plaisir à mettre en valeur les parties plates et indigestes du récit montrant ce qui entoure le surnaturel, en éludant le suspense qui en découlerait, retirant toute sa substantifique moelle.

On peut souligner que les décors et les costumes sont réussis et que la lumière, très léchée dans les rares scènes mystérieuses, fait habilement référence au « film noir ».  Mais quel dommage de ne pas la mettre au service d’une véritable histoire plutôt que de nous empêtrer dans cette chronique ennuyeuse du cinéma d’avant guerre, où l’antisémitisme est caricatural et prend beaucoup de place alors qu’il n’aurait pu qu’être suggéré.

Privant le spectateur de ce qui aurait pu être un thriller psychologique abouti, Planetarium se veut être un film d’auteur, mais son parisianisme pompeux d’un cinéma qui se regarde lui-même ne provoque que l’ennui.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine