Pire ouvrier de France, POF POF passe ?

Besseron & Felder

Scénario & dessin : Besseron & Felder
Éditions : Fluide glacial
Sortie : 20 janvier 2016
Genre : Humour

Pire ouvrier de France se décide à suivre, avec plus ou moins d’inspiration, la vie de travailleurs qui s’émancipent des normes inhérentes à leurs métiers pour tracer leur propre voie, à grands coups de meurtres ou de fluides corporels en tous genres. Du boulanger cocaïnomane au prothésiste dentaire doué de méthodes pour le moins particulières, tous partagent une vision très personnelle de leurs professions, dont aucun détail ne sera épargné au lecteur. À l’image de leurs antihéros, les auteurs Besseron et Felder ne font pas dans la dentelle, et privilégient un humour graveleux relayé par un dessin volontairement caricatural mais néanmoins fort explicite.

Le début de l’album laisse craindre le pire à ceux qui n’adhèrent pas immédiatement au style d’humour utilisé, dans la mesure où l’on est amené à croire que la même formule est appliquée à chaque page. À savoir des gags en deux ou trois planches, qui présentent à chaque fois un décalage entre les récitatifs (les fameux rectangles au sein desquels le texte fait office de voix off) et les images. On craint alors un effet de répétition qui s’avèrerait rapidement lassant tout en laissant la désagréable impression que les gags tirent en longueur. Heureusement, les auteurs ne semblent pas faire partie de la même catégorie que celle des personnages qu’ils présentent et tempèrent cet à-priori en tentant à quelques reprises de s’extraire du format initial, ou mieux, d’agir directement dessus afin de le détourner.

Des gags bonus en 3 ou 4 cases viennent ainsi faire office de respiration, tandis que certaines planches permettent aux auteurs d’expérimenter d’autres formes, dont certaines pour le moins inattendues. Ce qui permet d’apporter un peu de sang neuf à une bande dessinée qui s’apprécie nettement plus à la deuxième lecture. Une fois assimilé l’aspect frontal et régressif de gags gratuits, on peut enfin se concentrer sur l’essentiel, à savoir des personnages originaux pour lesquels on ressent parfois émerger une certaine forme de tendresse.

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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