Oradour-sur-Glane : témoignage et analyse d’un massacre

avant que ma voix ne s'eteigne

Titre : Avant que ma voix ne s’éteigne
Auteur : Robert Hébras et questions de Laurent Borderie
Editions : Elytel
Sortie : avril 2014
Genre : Histoire, témoignage

Au lendemain de la commémoration du débarquement du 6 juin 44, ce livre arrive à point nommé. « Pourquoi encore un livre sur Oradour : tout n’a-t-il déjà pas été écrit sur le sujet? »

Cette première phrase résume assez bien mon état d’esprit en découvrant ce livre sur la guerre.  Même si cela peut susciter de vives réactions, j’ose dire qu’il y a parfois un certain goût de redondance concernant les œuvres dédiées aux deux grandes guerres que sont les guerres 14-18 et 39-45.

Laurent Borderie est conscient de cela. Lui-même se pose la question, mais c’est au fil de la construction du livre et des échanges avec Robert Hébras qu’il comprend l’importance de cet acte.

Plus qu’une interview, c’est Robert Hébras qui raconte une histoire à Laurent Borderie, interlocuteur attentif qui, par ses questions, fait avancer le récit.

Avec de la pudeur, mais sans cacher quoique ce soit, c’est le drame d’Oradour-sur-Glane qui est raconté par un de ses survivants.

Le 10 juin 44, les Waffen-SS envahissent le petit village français et exécutent  femmes, enfants et hommes. Robert, alors âgé de 19 ans, parvient à s’échapper de la grange enflammée et, au prix de nombreux efforts,  trouve refuge chez sa sœur ainée. Plus tard, il apprendra que femmes et enfants ont été tués dans l’église. Il y perd sa mère et  ses deux sœurs.

Toute la charge émotionnelle du livre tient au fait qu’il n’y a rien de sensationnaliste, qu’il n’y a pas de pathos outrageusement mis  en avant.  Le drame se suffit à lui-même. A travers les mots de Robert Hébras, on apprend à saisir une horreur latente et, surtout, à saisir un bout du quotidien en temps de guerre.

Ce dialogue est émouvant et simple.  Il fait du bien. Un souvenir de mémoire, pour ne pas faire les mêmes erreurs du passé. Le message de cet ouvrage est simplement un message de paix. Loin des discours rodés presque sans âme maintes et maintes fois lus. Encore une fois, mon propos pourrait choquer mais le sujet de la guerre est un sujet inépuisable qui, malheureusement parfois, donne lieu à des récits à la limite du niais.

Court, précis, intelligent et poignant.

autopsie d'un massacre

Titre : Oradour-sur-glane : autopsie d’un massacre
Auteur : Romain Garnier
Editions : Elytel
Sortie : avril 2014
Genre : Histoire

Autopsie d’un massacre, ce livre porte bien son nom. Comme une autopsie, les termes sont précis et incisifs. Pour les historiens, les férus d’histoire et les amateurs avertis, il est sûr que cet ouvrage passionnera. Pour la partie non avertie, non amatrice, la lecture sera un peu plus lourde.

Dans la première partie qui s’attarde sur les jours avant le massacre, il est question de chefs nazis, d’artilleries et de bataillons.

En mettant de côté les nombreux noms en italique des diverses troupes allemandes et des commandants SS qui alourdissent fortement le texte, le propos est tout à fait intéressant.

L’auteur, Romain Garnier essaie de faire parler l’histoire d’une manière objective.

Ce n’est pas une tâche aisée, mais il parvient à pointer son œil neutre vers les troupes allemandes, pour disséquer les guerres intestines et les jeux de pouvoirs. Au sein même de l’armée allemande, Hitler parvient à créer des dissensions et des divisions. Ces failles humaines ont d’office des répercussions sur les actions militaires. Lorsque deux partis ne sont pas d’accord, il est bien difficile de prendre une décision. Et inévitablement, les attaques sont bancales.

En parallèle, il y a les attaques de la résistance maquisarde. Cela aurait été peut-être, un plus si l’équilibre avait été fait entre les détails sur les troupes allemandes et ceux sur les résistants. Le livre s’attarde bien trop peu sur cette résistance.

Une première partie militaire dans ses termes et dans sa manière d’aborder les choses, puis une seconde partie plus romanesque se consacrant à la ville d’Oradour-sur-Glane et sur la vie de ses habitants.

La part historique omniprésente laisse place vers la fin à une sorte de lyrisme qui détonne.  Un livre qui, pour moi, n’assume pas entièrement son côté strictement historien et essaie de faire une percée vers le roman d’émotion, en s’envolant dans des phrases larmoyantes, censées nous émouvoir.

Un livre qui se cherche et qui ne s’est pas trouvé.

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