Ondine (démontée) aux Tanneurs

D’après Jean Giraudoux

D’Armel Roussel, avec Allan Bertin, Yoann Blanc, Lucile Charnier, Romain Cinter, Julien Jaillot, Amandine Laval, Vincent Minne, Sophie Sénécaut, Lode Thiery, Judith Williquet, Lise Wittamer

Du 24 février au 7 mars 2015 à 20h30 au Théâtre Les Tanneurs

En 1939, Jean Giraudoux écrivit Ondine, une tragédie fantasmagorique présentant une jeune femme surnaturelle, Ondine, se heurtant à la triste réalité du monde des humains. Dans ce texte profondément allégorique, il fût question d’exposer la complexité des rapports entre hommes et femmes, mais aussi d’évoquer les questions sous-jacentes liées au pouvoir et à la hiérarchie. Vous l’aurez compris, en 1938, nous sommes à l’aube de la deuxième guerre mondiale et l’espace théâtral est absolument essentiel pour aborder des sujets qui perturbent, dérangent, questionnent.

Ainsi, lorsqu’Ondine rencontre Hans, chevalier errant, elle tombe éperdument amoureuse de l’homme en question, qui l’emmène à la rencontre du monde des humains. C’est là qu’Ondine peinera à découvrir un royaume hypocrite et se confrontera à la véritable nature de ses habitants.

En 2015, Armel Roussel met en scène Ondine (démontée),  une pièce qui s’approprie le texte de Giraudoux pour en faire une œuvre nouvelle. S’emparant de nos maux contemporains pour mieux les tourner en dérision, Ondine (démontée) propose un regard neuf sur notre société (paranormale).

L’originalité de la mise en scène d’Armel Roussel est de mettre à nu les dispositifs scéniques et de les mêler au spectacle. Les décors, les accessoires, la lumière, le sound design sont aussi invités à prendre place sur scène. Des acteurs-assistants contrôlent le vent, la pluie, le tonnerre pendant que d’autres jouent. Ces effets prennent alors la forme d’un nouveau personnage, mutant entre réalité et artificialité. Tout cela n’est pas sans surprendre et donner une nouvelle approche du texte de Giraudoux, celle d’une fable moderne.

Il faudra cependant attendre le début du deuxième acte pour savourer les premiers clins d’œil moqueurs à l’encontre de notre époque. Commencent alors les farces, les railleries, les ruses démontrant les comportements absurdes qui régissent notre société. Lors d’une vibrante scène de réception royale, c’est avec bonheur que l’on assiste à une critique de l’être et du paraître dans les milieux mondains. Les acteurs, truffés aux quatre coins de la salle, nous indiquent que le spectacle est évidemment en dehors de la scène. Yoann Blanc, Sophie Sénécaut, Vincent Minne sont d’ailleurs excellents.

Un autre très beau passage présentant un entretien entre la Reine et Ondine nous évoque avec subtilité une critique de la politique d’intégration, question fumante au cœur de nos débats actuels. Ces différents passages marquent le temps d’Ondine comme un temps jamais révolu, toujours sujet à une actualisation possible et pertinente.

Toutefois, le traitement d’Armel Roussel souligne le caractère comique et piquant (certaines scènes sont  vraiment drôles), mais l’on regrette parfois une certaine complaisance dans un usage excessif des artifices, mettant en lumière le spectaculaire au détriment d’un potentiel subversif encore trop ténu.

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