On ne badine pas avec l’amour au Théâtre Varia: On ne badine pas avec Musset

D’après Alfred de Musset, adaptation et mise en scène de Benoît Verhaert, avec Julie Lenain, Lormelle Merdrignac, Céline Peret, Samuel Seynave, Vincent Raoult, Benoît Verhaert

Du 18 au 29 novembre 2014 à 20h au Petit Varia

L’affiche du théâtre Varia alterne régulièrement classiques et nouveautés, mais dans tous les cas de figure, on veille à mettre l’accent sur la modernité. Et comme les spectacles sont toujours soignés, le théâtre a habitué ses spectateurs à un certain niveau de qualité. Aussi l’on peut s’y rendre sans trop craindre la déception. Aujourd’hui, c’est une pièce d’Alfred de Musset qui est mise à l’honneur. Le fameux On ne badine pas avec l’amour.

Musset composa cette pièce maîtresse au lendemain de sa séparation d’avec la fameuse George Sand. Dévasté par son chagrin d’amour, il y déversa toute sa rancœur et toute sa tristesse, ce qui aboutit à ce drame romantique où Perdican tente de sauver sa cousine Camille des griffes du couvent afin de l’épouser. Il est jaloux de Jésus et tente à son tour d’attiser la jalousie de la future none en séduisant sous ses yeux une pauvre paysanne innocente : la jeune Rosette, qui vient compléter le triangle amoureux. Chacun est aveuglé par sa colère et son orgueil, mais comment tout cela finira-t-il ?

Comme nous le disions, modernité oblige, cette pièce romantique de la première moitié du XIXème siècle se voit ici remaniée pour mieux plaire à un public actuel. Le remaniement s’applique aussi bien aux décors et aux costumes (question de moyens financiers ? pas impossible par les temps qui courent…) qu’au jeu de scène et surtout au texte lui même. On ne se gêne pas pour transformer telle tirade, passer sous silence telle autre, ou encore en inventer de nouvelles histoire de faire rire – car ce n’est pas parce que le sujet est dramatique qu’il faut se tourner les pouces !

On compte en tout cinq acteurs : Perdian, Camille et Rosette bien sûr, et restent « les deux comiques du fond » comme dit le metteur en scène. Ceux-là assurent aussi bien les rôles secondaires que le boulot du régisseur. Ce sont eux, principalement, qui tentent d’alléger le sujet par leur jeu humoristique. Les trois autres acteurs sont bien plus concernés par l’aspect dramatique de l’œuvre. Ils crient et pleurent beaucoup, presque au point de se rouler par terre. Surjoué, peut-être ? Ce n’est pas dit. Après tout, il s’agit d’un grand cru du théâtre romantique, à une époque où l’on aimait montrer les passions exacerbées et les ravages que de tels sentiments pouvaient infliger à un cœur en émoi.

Mais alors pourquoi cette sensation mitigée au terme de la représentation ? Pourquoi, à aucun moment, la sauce ne prend-elle pour de bon ? Y avait-il trop de second degré pour que le sujet soit pris au sérieux ? A moins qu’il ne s’agisse d’une question de mise en scène qui empêche le public de s’imprégner suffisamment de l’ambiance recherchée par le texte ? Dur à dire avec exactitude… Ce qui est sûr, c’est que le spectateur peine à se plonger dans les passions des personnages, afin de partager leurs douleurs et leurs colères.

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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