Old Pa Anderson, vengeance sans pardon

Hermann

scénario : Yves H
dessin : Hermann
édition : Le Lombard
sortie : 22 janvier 2016
genre : polar/thriller

Suite au décès de son épouse, Old Pa Anderson décide de lever le voile sur la disparition de sa petite fille, survenue des années auparavant, et à obtenir réparation, quitte à faire justice lui-même. L’affaire s’annonce déjà assez compliquée, mais l’est encore plus quand on sait qu’Old Pa est noir, et que l’action prend place dans le Mississippi des années 60, en pleine ségrégation.

Le scénariste Yves H a pour habitude de s’atteler à des genres classiques (l’aventure avec Retour au Congo, le polar à la Ellroy avec The girl from Ipanema), qui lui permettent notamment de revisiter l’histoire des États-Unis sous un jour particulièrement sombre et violent. En ancrant ici son récit dans une époque marquée par les tensions raciales, il trouve matière à une histoire de vengeance âpre et brutale. Les habitués de l’auteur se retrouveront donc en terrain connu, d’autant qu’il est à nouveau, et comme souvent, accompagné par Hermann au dessin.

Après Sans pardon, fruit de leur collaboration sorti l’année dernière, et qui avait pour cadre le Wyoming de 1876, voici donc Old Pa Anderson. Outre la couverture de l’album, qui donne d’emblée le ton en évoquant une ambiance de western, le parallèle entre les deux oeuvres se fait plus évident encore quand on s’intéresse à leurs thèmes communs.

Comme dans leur précédent effort, on retrouve ici un personnage solitaire menant une quête sous-tendue par une possible recherche de rédemption, et ayant trait à un membre de sa famille. Le tout en territoire hostile, poursuivi par des êtres menaçants (des chasseurs de primes dans Sans pardon, des racistes ici).

Old Pa Anderson se révèle cependant moins percutant que son prédécesseur, la faute incombant à une intrigue quelque peu moins aboutie. Là où la radicalité de Sans pardon collait parfaitement à l’ambiance souhaitée et au genre traité, s’approchant de l’ambiguité d’un film comme Les cruels, ici la rapidité du développement empêche de s’y intéresser totalement. D’autant que la difficile identification au héros se révèle plus problématique. En en montrant les défauts, les auteurs ne font que le rendre plus humain, mais empêchent également de réellement valider ses actions, malgré des opposants plutôt caricaturaux et détestables.

La violence semble être son unique recours, mais lui sert avant tout de moyen d’échapper au désespoir. Ce constat permet d’apporter un minimum d’émotion à un récit qui en manque, sans doute volontairement. Ce refus des compromis n’empêche cependant pas le récit d’atteindre son but, en contant la dure histoire d’un homme aux abois, mais a néanmoins pour effet d’atténuer l’impact d’un final choquant, quoique pas forcément aussi retournant que prévu.

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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