Occident au Rideau de Bruxelles

De Rémi de Vos, mise en scène de Frédéric Dussent, avec Valérie Bauchau, Philippe Jeusette

Du 18 au 28 mars 2015 à 20h30 au Rideau de Bruxelles

Dans la pièce Occident, la mise en scène ne s’encombre pas. Une chaise et un rideau en plastique suffisent pour vous dresser le quotidien d’un couple qui se retrouve, chaque jour de la semaine, au petit matin. L’homme est encore sorti et il est ivre. Ivre et violent envers la femme qui rétorque en écho les mêmes mots virulents. A l’image d’un amour mis à mal par une société en souffrance, un Occident fêlé et meurtri par ses propres contradictions. Voici donc la vision pessimiste d’un idéal qui s’écroule, d’une réalité dans laquelle on ne se reconnaît plus et qui conduit à la dérive du verbe. Quand la vie devient fade, on fait payer à celui avec qui on la partage le poids des maux.

Et même si la pièce se veut humoristique, même si la laideur des insultes s’incarne en joutes voulues habiles, on a mal au cœur face à tant de détresse et on souhaiterait que, pour le bien de tous, l’homme et la femme parviennent à s’éloigner l’un de l’autre. Et on se confronte à la lâcheté des sentiments et des habitudes, tenaces et destructeurs. Car ce couple qui se déchire c’est la société qui se voile la face. Cette société qui s’imagine que les acquis du passé sont en mesure d’excuser la dérive à laquelle elle se confronte. Et le ton monte. L’homme est sorti, donc et il est retourné dans ce lieu où on n’aime pas les arabes : au Palace, avec son ami Mohamed qui s’est fait casser la gueule par la bande des yougoslaves. Et la femme de répondre à cela que l’homme a tourné facho et les mots de s’enflammer pis encore.

La pièce Occident a été un franc succès lors de sa première tournée et est donc présentée en reprise au Rideau de Bruxelles. L’énergie est toujours là, portée par deux comédiens complices dans la dureté du texte mais on sent que la répétition est venue un peu essouffler la dynamique initiale. Et puis, en assistant pour la seconde fois au spectacle, on réalise que la manière de percevoir cette violence se fait relative. Ces mots et ces problèmes qui nous concernent tous résonnent différemment d’une existence à l’autre. A la manière de la jauge sociétale que la réflexion artistique nous offre.

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