Il ne dansera qu’avec elle ou l’abécédaire du désir

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Conception, mise en scène et écriture : Antoine Lubin, dramaturgie et écriture : Thomas Depryck, jeu et écriture : Angèle Baux, Caroline Berliner, Coraline Clément, Aurore Fattier, Denis Laujol, Yasmine Laassal, Marie Lecomte, Brice Mariaule, Jérôme Nayer, Hervé Piron, Renaud Can Camp, Pierre Verplancken

Du 7 au 22 octobre 2016 au Varia

« A comme Amour, B comme Baiser, C comme Contraintes, D comme Désir, etc. »

Les mots défilent ainsi sur un écran accroché sur scène à différentes vitesses, puis ils s’arrêtent sur un terme au hasard. Deux acteurs se dénudent alors, si naturellement. Ils se mettent à faire l’amour dans un lit posé par terre. Deux autres acteurs les cadrent avec une caméra dont le résultat s’affiche sur l’écran, permettant aux spectateurs de partager avec eux l’intime de leur relation.

Un deuxième choix de mots. Les acteurs se mettent à raconter des histoires sans vraiment les jouer, à partager leurs fictions ou leurs expériences.

Six hommes et six femmes confrontent dans cet esprit dans différentes scènes leurs désirs propres en une nudité émotionnelle, et parfois physique, complète. Des histoires à deux, à trois ; des souvenirs à partager ; des questions sexuelles ; des questions de genres ; des émotions, etc. Un bureau de radio parodie l’expérience pornographique tout en mettant en question tout son historique, tout en expliquant le principe de la pornographie féministe. Les acteurs se divisent en duo et ils se posent des questions intimes, dont les réponses n’en sont pas moins choquantes.

Il ne dansera qu’avec elle fait exploser les règles de la forme et du jeu. Excessivement hétéroclite, il ne dispose ni de genre, ni de rythme, ni de méthodologie. Ou plutôt les joint-il tous à la fois ? On ne sait jamais si les acteurs jouent ou racontent de vraies confidences. Certains couples sur scènes le sont en vrai, d’autres pas. Les duels s’interchangent tout en se débarrassant du « politiquement correct » qui a institutionnalisé de nos jours la loi du désir. Les acteurs osent traiter de sujets que nous n’osons jamais affronter, même à nous-mêmes.

À la fois impudique, confrontant, choquant, intime, drôle et sérieux, le spectacle aborde le couple avec une palette de points de vue très diversifiés. Il ne dansera qu’avec elle dresse une ode à l’amour en couple et paradoxalement aussi l’éloge de son échec.

Il ne compromet pas, mais dresse un portrait plus que réel, un portrait non binaire, où vrai et faux coexiste. Un portrait où l’on n’est ni bourreau ni victime, juste humain. Un portrait factuel loin de tout stéréotype, tellement vrai qu’il nous suffoque, parce qu’on a du mal à l’affronter tel qu’il est.

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A propos Patrick Tass 41 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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