My Sweet Pepper Land de Hiner Saleem

my sweet pepperland affiche

My Sweet Pepper Land

de Hiner Saleem

Drame

Avec Golshifteh Farahani, Korkmaz Arslan, Suat Usta, Mir Murad Bedirxan, Feyyaz Duman

Sorti le 30 juillet 2014

Critique :

Contrairement à une bande annonce sérieuse, My sweet pepperland est un western moderne bien calibré dans les collines du Kurdistan.

Sur le point de quitter les forces de l’ordre, Baran décide de reprendre du service pour échapper à son entremetteuse de mère. Prêt à aller là où le devoir l’appelle, il se rend à Qamarian, une région reculée à la frontière entre la Turquie, l’Iran et l’Irak. En chemin, il croise l’institutrice du village. Indépendante, Govend a tenu tête à son père et à sa nombreuse fratrie pour pouvoir venir, seule, enseigner dans la région. La mission de ces deux nouveaux venus contrarie l’ordre établi par Aziz Aga, maître incontesté de Qamarian, tandis que leur amitié naissante fait jaser à propos de l’honneur et de la morale.

Diffusé à Cannes en 2013 dans la sélection « Un certain regard » et présenté par une bande-annonce assez sobre, My Sweet Pepper Land peut passer pour un film austère. C’est pourtant une œuvre complète et cohérente qui mélange habilement le sérieux des thèmes, l’humour de la réalisation et la performance du jeu d’acteur.

Tout en plongeant le spectateur occidental dans une région méconnue et des tensions pour l’indépendance kurde qui le sont tout autant – situation que résume l’acteur qui incarne Baran : « être kurde signifie s’être battu pour son existence » –, le réalisateur Hiner Saleem (Vodka Lemon, Si tu meurs je te tue, etc.) réussit le pari de nous offrir un réel moment de détente. Il n’hésite pourtant pas à aborder des sujets importants comme l’indépendance des femmes, la corruption, les trafics transfrontaliers, la justice parodiée, etc., sans jamais faire perdre à son œuvre sa légèreté.

Avec l’alternance de gros plans et de plans d’ensemble, et le respect de la loi pour leitmotiv, le film est ouvertement inspiré des westerns américains. Hiner Saleem précise que « le Kurdistan d’aujourd’hui ressemble à l’Amérique de l’époque du western : on y découvrait le pétrole, on y construisait des routes, des écoles et des infrastructures, et on tentait d’y faire appliquer la loi ». Le réalisateur a d’ailleurs tourné toutes les scènes du film en décor naturel, exception faite de la scène d’ouverture, tournée à Erbil, la capitale du Kurdistan.

Les personnages empruntent aussi bien à la subtilité qu’à la caricature, surtout Baran et son intégrité digne d’un Judge Dredd. Avec Govend, ils tissent une relation qui évolue dans une lutte partagée et des silences apaisants. Le tout emmené par les sonorités méditatives et éthérées du hang que joue Govend, un instrument moderne, créé en 2000, en Suisse.

Baran est interprété par le comédien et acteur germano-turc Korkmaz Arslan, au départ envisagé pour le rôle de Reben, l’adjudant pataud. L’actrice iranienne Golshifteh Farahani interprète Govend. Elle est notamment connue pour ses rôles dans Poulet aux prunes (2011) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, et dans Mensonges d’État (2008) de Ridley Scott, film qui a marqué le début de son exil hors d’Iran. À leur côté, des comédiens non-professionnels ont incarné des rôles secondaires, comme ces partisanes kurdes qui se sont réellement battues dans la résistance contre les Turcs. Hiner Saleem a également respecté la diversité inhérente à la culture kurde, puisque dans le film, certains parlent kurmandji et soranî, tandis que Baran, par exemple, parle zazaki, la langue maternelle de l’acteur qui l’interprète.

Bref, My sweet pepperland est un film riche et ce qu’on pourra en dire est aisément réductible à un simple conseil : allez le voir !

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