Mr. Turner de Mike Leigh

mr turner affiche

Mr. Turner

de Mike Leigh

Biopic, Drame

Avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson, Marion Bailey, Ruth Sheen

Sorti le 10 décembre 2014

Présenté à Cannes, Mr. Turner réalisé par Mike Leigh est un biopic basé sur la vie du célèbre peintre J. M. William Turner. Paysagiste anglais, il est considéré comme le précurseur de l’impressionnisme. Sous nos yeux, Leigh dessine les dernières années de l’artiste, esquissant son rapport à la peinture, à l’Académie, à son père, aux femmes, à la vie.

Dépeindre un biopic est certes un exercice dangereux. D’autant plus quand la vie du peintre n’a rien de très passionnant. Ici, il s’agit de la simple histoire d’un homme qui se cherche, dans la peinture comme dans la vie. En conflit avec l’Académie, l’artiste solitaire, au corps bourru et animal, peint sans relâche, peu importe les dires de ses contemporains. Génie incompris ou artiste asocial, il travaille plus qu’il ne respire sans jamais poser un mot sur ses œuvres ou ses intentions. Plongé malgré lui dans la modernité émergente, Turner donne alors de nouveaux élans à sa peinture, comme à sa vie. Cette emprise nouvelle avec la réalité semble éveiller en lui une certaine sensibilité qu’il n’avait réservée jusque là qu’à sa peinture.

Si, pour certains spectateurs, l’âpreté et la maladresse de cet homme les touchent directement, pour d’autres, cette personnalité asentimentale les ont laissés de côté. Toutefois, cela n’enlève rien à l’incroyable performance de Timothy Spall, qui lui a valu le prix d’interprétation masculine, hautement mérité. Rehaussant l’animalité en l’homme, il éblouit, dans ses grognements et sa rustauderie. Mike Leigh laisse l’éloge de la personnalité au placard et le personnage de Turner devient alors l’antithèse de ses propres peintures et des images du film.

Car esthétiquement, on ne peut rien reprocher à Mr. Turner. Par le travail de la photographie, Dick Pope – chef opérateur de Mike Leigh – épouse à l’écran les traits de la peinture. Des tableaux mouvants s’enchaînent à l’image des paysages du peintre, où lumières et couleurs explosent dans une virtuosité flamboyante. Les formes se dissolvent, peinture et photographie se mêlent, laissant se dessiner des vues contemplatives d’horizon, au soleil rasant, de la Tamise, des champs à perte de vue, des ciels enflammés, des trains empoussiérés, des brouillards et des couchés de soleil.

Mais pourtant, une lenteur résonne à outre mesure dans ce film. La beauté visuelle indiscutable laisse finalement bien trop souvent place à l’ennui. Le sublime de la photographie n’est malheureusement pas assez fort pour alimenter les longueurs du film, où répétitions scénaristiques et manques de consistance se font nombreux. Les spectateurs, là pour regarder un film, se perdent finalement dans une peinture un peu trop floue.

A propos Lise Mernier 11 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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