Monsieur Optimiste jusqu’au 12 décembre aux Martyrs

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D’Alain Berenboom, mise en scène, adaptation et scénographie de Christine Delmotte avec Daphné D’Heur et Fabrice Rodriguez – Crédit photo : Nathalie Borlée

Du 12 novembre au 12 décembre 2015 au Théâtre des Martyrs

Au Théâtre des Martyrs, il y a deux salles, une grande qui accueille les spectacles souvent imposants en termes de nombre de personnes sur scènes et/ou de décors. Une plus petite salle nous fait plutôt découvrir de plus petites pièces intimistes, avec souvent moins de moyens. C’est justement le cas de Monsieur Optimiste. Sur scène, un acteur et une actrice au milieu d’une scène vide entourée d’un drap blanc. Seuls accessoires : un rétroprojecteur, des slides, des caisses en carton et un bureau surélevé. Le tout, réuni pour raconter toute l’histoire d’un couple juif pendant la Seconde Guerre mondiale.

La sobriété du décor n’est pas le seul écueil que doivent affronter les deux acteurs (Daphné D’Heur et Fabrice Rodriguez) ainsi que la metteuse en scène Christine Delmotte. Pour Christine Delmotte, il faut arriver à faire d’un roman une œuvre théâtrale et pour les acteurs, le rendre vivant et le moins didactique possible pour captiver le spectateur et l’emmener avec eux dans cet univers tragi-comique.

Ce roman a été écrit par Alain Berenboom, qui n’est pas novice en matière d’écriture mais, qui n’avait jamais tenté de découvrir son histoire familiale. Grâce à plusieurs documents soigneusement gardés par sa mère, Berenboom a pu, après leur mort, retracer le parcours de ses parents, juifs ayant survécu à la guerre, alors que tant ont péri. On y découvre le trajet du Chaïm, venu de Pologne faire ses études à Liège, son poste de pharmacien à Bruxelles, sa rencontre avec Rebecca, leur obéissance et ensuite leur révolte et leur vie clandestine, et enfin leurs doutes d’après-guerre ou leur départ avorté pour la nouvelle terre d’Israël.

Utilisant fidèlement les mots de livre ou du témoignage des lettres, les deux acteurs sont prisonniers d’un manque de dramaturgie et ils doivent donc redoubler d’efforts imaginatifs pour retranscrire l’humour et l’optimisme du récit. Cela passera par des saynètes rigolotes et anachroniques qui parsèment le récit autant que la drôlerie de certaines situations traversées par le jeune couple. En exemple : l’acharnement de Rebecca qui envoie plusieurs courriers à la SNCF, à la SNCB ou à l’ambassade pour retrouver une valise ne comportant que quelques vêtements alors qu’elle est juive dans un monde en guerre.

Les deux acteurs finissent aussi par donner un sens au rétroprojecteur (qui nous faisait pourtant redouter un discours trop scolaire) en l’exploitant pour nous livrer un témoignage, cette fois, des documents retrouvés : lettres de Pologne, attestations des pouvoirs publics, etc. Mais leur grande force est aussi l’utilisation de maquettes et personnages (sorties des caisses en carton) pour raconter certaines situations, articulant le tout grâce à des aimants sous ce fameux bureau surélevé. Ce qui en plus de nous amuser, finit de justifier le décor.

Le sujet est passionnant, la mise en scène, la scénographie et l’adaptation théâtrale trahissent des heures de travail et les comédiens se démènent pour captiver le spectateur pour une histoire qui leur tient à coeur. On ne peut que reprocher un déroulement trop statique et didactique au début de la représentation, avant de se laisser prendre par l’histoire et de vouloir découvrir le livre d’Alain Berenboom.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine

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