Money Monster, plongée au coeur d’un système

Money Monster

money monster poster

Money Monster

de Jodie Foster

Thriller

Avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell

Sorti le 1er juin 2016

Lee Gates est une personnalité excentrique et influente du monde de la télévision. Dans son émission intitulée Money Monster, il informe et conseille les spectateurs sur les investissements potentiellement intéressants qu’ils pourraient faire afin de connaître les joies de la richesse. Mais lorsque Kyle débarque armé sur le plateau de cette émission à la fois humoristique et kitsch, c’est une autre réalité qui s’invite dans le show.

Glorifié par son duo de stars Julia Roberts – George Clooney, Money Monster nous raconte deux histoires : celle de la cruauté de la finance et celle des dérives médiatiques. Ces deux fils narratifs se rejoignent alors en un point, celui de la perception du réel. De fait, le pouvoir de l’image tout comme le pouvoir de l’argent sont les principaux fantasmes de nos sociétés contemporaines. Partant de ce postulat, il est donc difficile pour l’individu de dissocier la fiction du factuel, et de mesurer le degré de rationalité d’un propos ou d’une image. À ce jeu de dupes, les médias siègent en maîtres, mal assis entre le divertissement, l’information et la rentabilité.

Ce constat un peu cafardeux du monde de l’entertainment, Jodie Foster le transpose avec brio à l’écran. Ici, point de réaction populaire, mais bien une sorte de huis-clos où l’irréel et le réel vont se confronter violemment. Ce choix scénaristique est très intéressant, puisqu’il permet de mettre en abîme le pamphlet, tout en esquivant le poids des histoires parallèles. En outre, ce principe de récursivité est indispensable à la bonne compréhension du récit.

Passé cette étape contextuelle, le spectateur entre alors dans le film en lui-même qui, il faut le dire, manque cruellement de rythme. De fait, à l’instar de l’émission qu’il met en avant, le film de Jodie Foster révèle des plans qui se succèdent tels des sketchs mêlant punchlines et crises de nerfs. Seul le semblant de romance entre deux des trois protagonistes du récit permet au cinéphile de s’extirper d’un drame qui, après plus d’une demi-heure, commence à tourner en rond. C’est alors que le film entre dans le schéma du thriller classique (avec des évènements trop prévisibles) et prouve une fois de plus que Jodie Foster peine à imposer son style (lequel ?). Le marginal devient alors consensuel, tout comme dans The Beaver sorti cinq ans auparavant.

Toutefois, Money Monster reste un film traité proprement et indubitablement intelligent, mais nous avons le sentiment que sa réalisatrice est passée à côté d’un chef d’oeuvre.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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