Miss Pas Touche mène l’enquête

Miss pas touche

scénario : Kerascoët
dessin : Hubert
éditions : Dargaud
sortie : 27 novembre 2015
genre : polar, franco-belge

Avec Miss pas touche, nous voilà plongés dans l’univers du Paris des années 30, en plein dans l’entre-deux guerres, où des jeunes filles cherchent leur prince charmant armées de leur chapeau cloche et de leur jupe sous le genou.

Agathe et Blanche sont sœurs. Elles travaillent comme bonnes chez une vieille femme aigrie et rongée par l’ennui qui leur loue une chambre sous les toits. Lorsqu’Agathe part faire la fête le soir avec une de ses amies, Blanche se retrouve seule dans cette chambre percée de fissures à cause des travaux de construction du métro parisien et de fuites qui laissent s’écouler la pluie.

A cause d’une de ces fissures, Blanche est témoin sans le vouloir du crime d’une jeune femme. Le meurtrier, c’est celui qu’on surnomme le « boucher des guinguettes ». Il sévit dans Paris, terrorisant les jeunes femmes parce qu’il les découpe après les avoir atrocement mutilées. Au retour d’Agathe, la bande de malfrats la supprime à son tour d’une balle dans le cœur, en prenant soin de faire passer ce meurtre pour un suicide. La police n’ira pas chercher plus loin pensant que Blanche affabule.

Mais Blanche sait ce qu’elle a vu et elle se jure de retrouver le meurtrier de sa sœur, à n’importe quel prix. Ses recherches finissent par la mener au « Pompadour », une maison close parisienne très réputée. Mais lorsqu’on y entre, même pour un renseignement, il est rare que l’on vous en laisse sortir. Blanche devient alors Miss Pas Touche, une prostituée vierge dont le talent est de dominer ses clients au fouet sans qu’ils puissent la toucher. Elle deviendra bientôt très connue dans le milieu, les hommes se battant pour avoir le privilège de passer quelques heures avec elle.

Elle continue cependant à mener son enquête et finit par retrouver un des assassins de sa sœur et avec l’aide de Mademoiselle Jo, sa seule amie dans l’établissement, et met en lumière une conspiration ourdie par la sous-maîtresse pour assouvir les désirs des clients les plus pervers.

Ce premier cycle est plutôt bien réussi, Il y a une belle homogénéité dans les dessins assez stylisés et aux traits plutôt grossiers comme les couleurs ternes qui sont utilisées qui servent parfaitement ce monde glauque des maisons closes très à la mode au début du XXe siècle. Un monde froufrous souillés avec un langage ordurier qui reste cependant cohérent avec le thème abordé. On prend Blanche en affection ce qui fait que l’on a vraiment envie de savoir la suite.

Le second cycle par contre, laisse beaucoup à désirer : le suspense n’est pratiquement plus présent et la trame du récit est beaucoup moins travaillée. Blanche est courtisée par un jeune homme très riche qui s’affiche avec elle dans le seul but de faire enrager sa mère. Mais elle n’a aucune chance de le conquérir car il est homosexuel et bien qu’elle ait des sentiments pour lui, ce n’est pas réciproque. Quant à la fin, nous préférons encore ne rien en dire.

On ne sait pas si un 5e tome est prévu mais la perspective nous laisse mitigés vu l’état actuel des choses : d’un côté on a un sérieux arrière-goût d’inachevé en bouche et de l’autre si la trame reste aussi légère, on n’est pas sûr d’avoir envie de lire une suite…

En conclusion, un premier cycle très réussi et un second très en dessous du premier. A vous de décider si vous souhaitez vous procurer cette intégrale. Après tout, les goûts et les couleurs ne se discutent pas (on vous aura prévenus).

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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