Mid90s, Nirvana et jeans baggy

Mid90s
de Jonah Hill
Comédie dramatique
Avec Sunny Suljic, Katherine Waterston, Lucas Hedges
Sorti le 24 avril 2019

Tandis qu’on le connaissait comme acteur depuis 2004, voilà que Jonah Hill passe derrière la caméra pour livrer un film aux accents personnels situé au milieu de la décennie 1990, période de changements, de renouveau et d’insouciance, coincée entre la chute du bloc soviétique et les attentats du 11 septembre 2001. 

Âgé de 13 ans, Stevie vit à Los Angeles et est soumis aux absences de sa mère et aux sautes d’humeur de son grand frère. Livré à lui-même, il fera la connaissance d’une bande de skateurs qui l’intégreront à leur groupe et lui feront découvrir leur univers.

Tout en déconstruisant parfois le mythe des années 90 lumineuses et innocentes, Hill livre un premier long-métrage qui n’hésite pas à confronter les réalités : tour à tour, famille et amis seront des relations nocives puis salvatrices. Ainsi, dans sa construction, Stevie trouvera des repères fixes, aussi dysfonctionnels puissent-ils parfois être.

Dès le moment où notre jeune héros entrera en contact avec ses nouveaux amis, 90’s adoptera une atmosphère légère et bon enfant. Néanmoins, ces derniers étant plus âgés que Stevie, ils entraîneront rapidement celui-ci dans leurs expérimentions adolescentes sans toujours tenir compte de son âge, teintant leur relation d’une coloration destructrice. Ainsi, Stevie entrera violemment dans l’adolescence ; cette perte d’innocence se fera à plusieurs degrés et le jeune garçon commencera ainsi à fréquenter des filles plus âgées, à boire et à fumer, avec diverses conséquences plus ou moins déstabilisantes pour lui.

Cependant, Jonah Hill parvient subtilement à montrer que ces expériences, si elles paraissent négatives, sont paradoxalement constructrices pour le jeune garçon, qui parviendra ainsi à se trouver et à renouer le contact avec sa famille. À cet égard, une scène sera particulièrement touchante, lorsque Ian – son grand frère – sera présent à ses côtés, sortant deux briques de jus d’orange de ses poches sans dire un mot avant de les secouer et d’en offrir une à Stevie. Toute la subtilité des personnages transparaît dans cette seule séquence !

Dans la même dynamique, les amis de Stevie, aussi nocifs puissent-ils être par moment, seront tous présents lorsque cela s’avérera nécessaire, et ce malgré leurs divergences, leurs disputes et leurs dissensions.

Toute une simplicité émerge donc de 90’s : les protagonistes sont imparfaits mais s’améliorent les uns au contact des autres dans une société qui ne cherche pas à les surprotéger inutilement. Au final, quels que soient les coups durs, l’amitié triomphe, ce qui sous certains angles rapprochera le film d’un monument tel que Stand by me (Rob Reiner, 1986). À cela s’ajoutent des interprétations sans fautes de la part des différents comédiens et une musique particulièrement bien adaptée au récit.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Jonah Hill choisit donc de garder les pieds sur terre et d’offrir une histoire simple mais riche et parcourue d’insouciance dans laquelle les rapports humains sont au centre d’un récit aux accents quelques peu nostalgiques.