MED 2017 : More (Daha)

More (Daha)

d’Onur Saylak

Drame

Avec Ahmet Mümtaz Taylan, Hayat Van Eck, Turgut Tuncalp

Présenté lors du Festival du Cinéma Méditerranéen 2017

Quand on pense au mal, à la souffrance, à la douleur, on y voit du gris, du noir, du froid. Pourtant, dans des paysages sublimes à perte de vue, le mal est aussi là. More nous immerge dans la beauté des côtes de la Mer Égée, tristement connue comme plaque tournante des vagues migratoires, notamment de réfugiés syriens. Gaza est un jeune parmi tant d’autres. Passionné de physique, de rap, ses activités sont semblables à celles de tant de jeunes de son âge. Pourtant, une noirceur fait partie intégrante de son paysage social et celle-ci est incarnée par nul autre que son père Ahad – anagramme de Daha.

Problème de fond, politique, social économique, More intègre la problématique formelle de la traite des êtres humains. A l’origine, on le devine, le trafic dans lequel traine le père de Gaza, n’est qu’un moyen de survivre. Un commerce parmi tant d’autres pourrait-on dire. Mais une fois n’est pas coutume, l’argent appelle l’argent et l’appât du gain se fait plus fort qu’un quelconque sentiment moral. A mesure que la tragédie s’accomplit, l’humanité de chaque protagoniste se déchire pour laisser place à la violence, la douleur et à la haine. De l’autre, de soi-même et puis finalement de la vie. Etre le héros ; oui, mais de qui ?

Ambitieux. Les plans flottants de la baie, tout en berçant doucement le corps spectateur, le conditionne et le materne ; un sentiment commun qui se partage de chaque côté de l’écran. Car la violence, elle, se tapit dans le noir. Sous-jacente, elle n’en est pas moins à l’issue de chaque trajectoire, de chaque espoir. Si bien que la liberté ne peut plus prendre l’apparence que de la colère d’une tempête.

Une fois de plus, l’art s’empare d’un sujet au coeur de l’actualité qui n’a plus rien de l’immédiat mais qui relève plutôt de l’ordre du quotidien. Miroir d’une urgence qui a pourtant eu le temps d’imprégner les inconscients. More témoigne d’une répercussion majeure à échelle civile d’un problème qui va bien au-delà d’eux-mêmes et qui doit se résoudre au niveau politique.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine