Macadam de Jean-Paul Didierlaurent

Macadam

auteur : Jean-Paul Didierlaurent
édition : Au Diable Vauvert
sortie : septembre 2015
genre : recueil de nouvelles

Suite au succès de son premier roman Le Liseur du 6h27, Jean-Paul Didierlaurent voit ses nouvelles publiées dans un recueil chez son éditeur désormais attitré, Au Diable Vauvert. Forcément un peu inégale, cette collection de textes ayant révélé leur auteur dans le milieu littéraire – notamment par l’intermédiaire de concours de nouvelles – réserve quoi qu’il en soit quelques pépites et dévoile un style assuré et homogène.

Sans passer en revue l’intégralité des nouvelles proposées dans Macadam, on peut déceler un point commun entre les onze textes : tous prennent le point de vue d’un personnage et racontent une histoire à travers son regard et son vécu. Qu’il s’agisse d’un prêtre accro à la Game Boy, d’un vieil homme interné en maison de retraite, d’une petite fille victime d’abus ou encore d’un ancien soldat revenant sur un vieux champ de bataille pour mourir, Didierlaurent immerge son lecteur dans l’esprit et la pensée de ses personnages, afin que l’identification soit inévitable.

Parmi les meilleures nouvelles, on peut citer Mosquito, Menu à la carte et Le vieux. Si la première adopte un ton délibérément humoristique et grinçant, avec son trompettiste croyant dur comme fer avoir provoqué la mort d’un torero suite à une fausse note, les deux autres sont beaucoup plus noires. Menu à la carte détaille avec délectation et perversité le dernier repas d’un serial-killer condamné à mort, tandis que les plaisirs culinaires lui rappellent sa vie et ses crimes. Le vieux plonge dans l’esprit malade d’un sociopathe qui se plaît à déceler toutes les failles de ses congénères par l’analyse de leur écriture.

Jean-Paul Didierlaurent est beaucoup plus à l’aise lorsqu’il s’intéresse à des esprits dérangés que lorsqu’il tente de faire dans le sentimentalisme. Si la nouvelle qui donne son titre au recueil – Macadam, donc – repose sur une chute inattendue qui lui donne son sens, elle se complaît néanmoins dans un pathos quelque peu larmoyant, lié au sujet délicat du handicap. De la même manière, Rose sparadrap – qui aborde les abus sexuels sur mineur par le point de vue de l’enfant – frôle pratiquement l’obscénité et le chantage émotionnel.

Une chose est sûre, c’est que l’auteur vise avant tout l’efficacité et va droit au but dans la manière de cueillir son lecteur. Il a ainsi très bien compris l’essence même du format de la nouvelle, qui exige cette concision et ce côté percutant. S’il semble penser que la fin justifie les moyens et si la chute de ses nouvelles en éclipse parfois tout le développement, Jean-Paul Didierlaurent reste indéniablement un conteur hors pair, parfois un peu roublard mais néanmoins passionnant.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.