Lune noire de Kenneth Calhoun

Lune noire

auteur : Kenneth Calhoun
édition : Actes Sud 
sortie : mars 2015 
genre : fantastique, drame

Dans un monde en prise avec une incroyable épidémie d’insomnie, quelques rescapés tentent de survivre. Ceux-ci  sont en effet pris pour cible par les insomniaques, devenus totalement irrationnels et essayant de voler leur sommeil en les attaquant. Le livre suit la trace de plusieurs « dormeurs » et de leurs quêtes respectives, à travers des récits parallèles et alternés : Biggs, qui recherche désespérément sa femme, atteinte du mal ; Chase et son ami Jordan qui essayent de se faire de l’argent en volant des stocks de somnifères pour les revendre ; Lila, une jeune lycéenne qui a du quitter ses parents pour échapper à leur agressivité croissante ; et enfin Felicia, la petite amie de Chase, qui travaille dans un centre de recherche pour trouver un antidote à l’infection.

On ne peut s’empêcher, à la lecture de Lune noire, d’y voir le récit d’une infestation de zombies, à la manière des films de Romero ou de la série Walking Dead. Cependant, le livre ne cite jamais clairement cette influence  et n’évoque même jamais le terme. Kenneth Calhoun prend pour prétexte cette mystérieuse infection afin de créer des portraits de personnages et construire une entreprise littéraire assez ambitieuse.

Le livre alterne les points de vue de ses différents protagonistes au fil des chapitres. Le procédé devient assez vite limpide : chaque chapitre est consacré à un personnage et, une fois que l’on a fait le tour de ceux-ci, on revient au premier d’entre eux. Mais Calhoun détourne assez vite ce système en introduisant de nouveaux personnages ou en en faisant disparaître. De la même manière, il insère d’importantes ellipses entre deux chapitres consacrés à un même personnage, ce qui amène une plus forte implication du lecteur, invité à combler les trous en devinant petit à petit ce qui a bien pu se passer entre les deux moments décrits.

Lune noire exige donc une certaine constance et une certaine concentration de la part de son lecteur, qui sera néanmoins récompensé par l’effort. Cependant, il faut savoir avant de se lancer dans la lecture du livre que l’on se jette dans une expérience assez éprouvante. Pas toujours aimable, Lune noire décrit en effet avec une certaine âpreté les élucubrations d’esprits malades, progressivement contaminés par une pensée nébuleuse et incohérente qu’induisent les conditions d’insomnie. On peut dire que Calhoun atteint pleinement son but, celui d’une noirceur presque totale, mais que cette fin constitue également la limite de son œuvre et restreint l’accessibilité de celle-ci à un plus large lectorat.

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