L’Idéal, Beigbeder en mode potache

l ideal poster

L’Idéal

de Frédéric Beigbeder

Comédie

Avec Gaspard Proust, Audrey Fleurot, Anamaria Vartolomei, Jonathan Lambert, Camille Rowe

Sorti le 15 juin 2016

cinema 10Fais le bouffi-bouffon : Les blagues fusent, bonnes ou mauvaises, malignes ou vulgaires, elles font mouche !cinema 11

Faisant sien l’adage selon lequel on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Frédéric Beigbeder continue d’adapter ses romans à succès à l’écran, cinq ans après L’Amour dure trois ans. Pour son deuxième long métrage, c’est Au secours, pardon qui passe à la moulinette de la comédie française légèrement vacharde, dans un esprit plus proche du 99 francs réalisé par Jan Kounen.

Il faut dire que le bouquin dont L’Idéal est tiré était la suite indirecte de 99 francs, reprenant le personnage cynique et antipathique d’Octave Parango en le faisant passer de publicitaire je-m’en-foutiste à « model scout » – à savoir dénicheur de talents dans le secteur du mannequinat. Gaspard Proust reprend donc le rôle incarné par Jean Dujardin dans 99 francs, après avoir endossé celui de Marc Marronnier dans L’Amour dure trois ans. Frédéric Beigbeder a vraisemblablement trouvé en la personne du jeune acteur-humoriste l’alter-ego idéal. Il est vrai que les deux hommes ont une légère ressemblance physique.

Octave Parango parcourt le monde – et plus particulièrement l’Europe de l’est –, à la recherche de chair fraiche, lorsqu’il est appelé à la rescousse par un grand label de cosmétique français – L’Idéal, donc – afin de redorer l’image de marque de celui-ci après qu’une vidéo de l’égérie maison en costume nazi ait fuité sur la toile. Octave Parango part alors en Russie en compagnie de Valentine Winfeld, la directrice visuelle de L’Idéal, afin de dénicher la perle rare, un visage d’ange qui redonnera toutes ses lettres de noblesse à la marque en mauvaise posture.

On retrouve dans L’Idéal le goût de l’auteur pour la formule qui fait mouche et la trame initiale d’Au secours, pardon, mais le film tend à s’éloigner de son modèle littéraire, principalement parce que Beigbeder cinéaste s’est trouvé des influences dans la comédie américaine, tendance Apatow-Rogen-Sandler, etc. On décelait déjà cette tendance dans son premier film, mais l’affirmation de cette volonté d’importer ce type d’humour en France s’agrandit ici, tout comme l’incapacité du réalisateur à se dépatouiller d’une certaine franchouillardise empreinte de vulgarité qui phagocyte la comédie française actuelle.

Beigbeder tente des choses, s’essaie à l’humour gras et sans limites, mais ne parvient jamais à dépasser le stade de la blague graveleuse ou de gimmicks visuels sordides à base de vomi et d’orgies en tous genres. Il y a bien quelques idées qui surnagent – comme celle de faire incarner la présidente de L’Idéal par Jonathan Lambert dans une composition travestie dont il a le secret, proche de l’Edna Mode des Indestructibles – mais les images qui restent en mémoire après vision sont principalement désagréables, à l’instar de cette scène « d’anthologie » lors de laquelle le spectateur se fait littéralement vomir dessus, métaphore intéressante de l’estime dans laquelle le réalisateur semble tenir son public.

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