Les jours sucrés

Les jours sucrés

Scénario : Loïc Clément 
Dessins : Anne Montel
Editions : Dargaud
Sortie : 19 février 2016
Genre : Franco-belge

Cœurs fondants, cœurs guimauve, cœurs tendres, Les jours sucrés sont faits pour vous. Eglantine, graphiste parisienne d’une vingtaine d’années, retourne contre son gré dans le village breton de son enfance : son père, qu’elle n’a pas revu depuis ses huit ans et son exil hors de Bretagne, vient de mourir. A Klervi l’attend donc un héritage – la boulangerie-pâtisserie de son père – une famille – une tante muette un peu dingue –, un ami d’enfance – Gaël, la bonté faite jeune homme – et, qui sait, peut-être même un avenir.

Eglantine, lassée du quotidien parisien gris-pressé-branché, se retrousse donc les manches et met la main à la pâte pour redonner vie au projet paternel et faire de la pâtisserie le cœur névralgique d’un village au bord du déclin. Dans cette aventure à mi-chemin entre la comédie romantique enchantée et la quête identitaire et familiale, on croise des personnages loufoques et touchants, des chats qui font des blagues en s’ébattant joyeusement, d’adorables gamins polissons que le non moins adorable instit aide à faire les devoirs, un vieux livre de recettes, des secrets enfouis, du thé fumant, des tuiles aux amandes et des tartes au citron. Bref : c’est fleur bleue, tout doux et tout chou. Le dessin est à l’image de ce cocon : Anne Montel croque ce petit monde améliepoulainesque d’un trait rond, léger et sensible, usant de teintes pastel qui lui donnent un charme certain, entre réalisme contemporain et fantaisie joyeuse.

Evidemment, on se doute dès le début que tout cela va sans doute très bien se finir. Bien sûr, dans l’univers d’Eglantine, les méchants ne le sont pas vraiment, on reste fidèle à ses amours d’enfance, les pâtisseries-cafés-bureaux de poste redonnent vitalité et saveur aux petits bourgs ruraux, on travaille avec bonheur pour celui de la communauté, et tout ce joli monde forme une grande famille. Mais si on accepte de prendre l’album pour ce qu’il est (c’est-à-dire, ni une chronique familiale réaliste, ni une satire sociale, ni une histoire d’amour complexe et profonde), on ne peut nier qu’il est largement à la hauteur de ce qu’on peut attendre du genre.

Les personnages sont amusants, les situations farfelues, la narration vive, les relations mignonnes comme tout, l’histoire bien ficelée. On prend donc beaucoup de plaisir à suivre le retour de la dure Eglantine (en fait, elle est pudique) sur les terres de sa jeunesse et à suivre son improbable reconversion. Gageons que les cœurs les plus cyniques se laisseront attendrir par le caramel au beurre salé des Jours sucrés, même s’ils ne l’avoueront jamais. Allez, bande de durs : glissez-vous sous la couette, bien au chaud, avec des tartelettes, un chocolat chaud et Les jours sucrés, tant qu’on est encore en hiver. Promis, personne ne dira rien.

A propos Emilie Garcia Guillen 113 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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