Le Porteur d’Histoire : une ode au pouvoir de la fiction à travers le temps

Photo d'une représentation de la pièce "Le Porteur d'Histoire"
Crédit photo : ©Gregory Navarra

D’Alexis Michalik (écriture et mise en scène). Avec Allan Bertin, Baptiste Blampain, Nicolas Buysse, Julia Le Faou et Sherine Seyad. Du 13 novembre au 31 décembre 2018 au Théâtre Le Public à Bruxelles.

Qu’est-ce que l’Histoire sinon un ensemble de récits individuels liés les uns aux autres ? Le Porteur d’Histoire explore les liens entre histoire et fiction à travers un spectacle original, dense, intelligent et drôle qui fait voyager le spectateur dans le temps et dans l’espace.

« Tout est fiction ». Ces mots, écrits à la craie sur un grand tableau noir, font office de prologue au Porteur d’Histoire. Écrite en 2011 par le français Alexis Michalik, cette pièce, impossible à résumer en quelques lignes, est avant tout une ode au pouvoir de la fiction et de l’imaginaire. Le personnage central, Martin Martin, a raté beaucoup de choses dans sa vie. Mais il a un talent : il sait raconter des histoires. Sa découverte de vieux carnets manuscrits rédigés par une femme au XIXe siècle va changer sa vie en l’amenant à entreprendre un long voyage, de l’Algérie aux Ardennes françaises en passant par le Canada.

Sur scène, cinq acteurs (deux femmes, trois hommes) incarnent une galerie de personnages hauts en couleurs, fictifs ou réels. À côté de simples anonymes, on retrouve des figures célèbres de la France de 1830 comme Alexandre Dumas, Eugène Delacroix et Jules de Polignac, mais aussi des personnages médiévaux comme le Pape Clément VI ou le chevalier Guillaume de la Première Croisade. C’est qu’un fil inattendu semble relier la colonisation de l’Algérie au XIXe siècle à la peste noire de 1348 à Avignon ou encore au mythe des Lysistrates, cette communauté de femmes qui aurait œuvré en coulisses pour la paix et la démocratie depuis l’Antiquité.

La pléthore de références historiques et littéraires fait du Porteur d’Histoire une pièce très dense et intellectuellement stimulante. En un peu plus d’une heure et demie sans entracte, le spectateur traverse les époques et les frontières à un rythme effréné, ce qui pourra sembler ardu à ceux qui ne disposent pas de toutes les références culturelles évoquées. Toutefois, il est tout à fait possible de profiter de la pièce en se laissant porter par les récits successifs, sans chercher à en comprendre systématiquement tous les détails.

Car la force du Porteur d’Histoire est bien dans sa capacité à évoquer une multitude d’images et de sensations à partir de simples mots et gestes. Dans un cadre extrêmement dépouillé, sans aucun décor et avec très peu d’accessoires, les comédiens ont constamment recours au mime pour donner vie à la pièce. Une façon pour le metteur en scène de stimuler encore plus l’imagination des spectateurs. Et cela fonctionne !

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