Le Comblain-La-tour Jazz Festival International offre un rayon de soleil…musical

Cette année encore, le Comblain-La-Tour Jazz Festival avait mis les petits plats dans les grands et revenait avec une troisième date au programme. Le 1er juillet était consacré au Blues, le 2 au Jazz et le 3 aux Musiques Inouïes.

La soirée du vendredi 1er, malgré la contrainte du match des Belges à l’Euro et la météo défavorable, entamait le festival avec deux excellents concerts.

Le premier était celui de Marianna Tootsie qui, superbement entourée dont notamment de son frère guitariste, a confirmé ses talents d’artiste qui peut tout chanter.

BER_Mariana Tootsie

Avec sa large gamme de timbres et une voix posée ou vive, souple et variée, jamais forcée, elle a interprété un blues flirtant avec le folk, le gospel ou le r’n’b en faisant même un petit clin d’œil aux rythmes afros. Sa relation sincère avec ses musiciens et son contact facile avec le public étaient aussi de la partie.

Le second était celui du fameux bluesman américain Keb Mo. Indépendamment de quelques morceaux acoustiques en solo ou duo, le chanteur-guitariste, accompagné d’une batterie incisive, d’une basse électrique groovante et de claviers (orgue Hammond, Rhodes), proposa un délicieux blues qui sort des sentiers battus et teinté parfois de country, de soul ou de funk.

BER_Keb Mo

Elégant et souriant, Keb Mo présenta exclusivement des compositions personnelles avec pour support une musique mélodieuse bien ficelée et des chœurs assurés par ses musiciens. Sa superbe voix faisant penser à Gil Scott-Heron, ses solos distillés et ses morceaux relativement courts ont aussi contribué à ce très beau concert.

Le samedi 2 juillet était donc axé sur le jazz. La programmation était variée et proposait des formules allant du duo au big band; celles-ci étant réparties entre le chapiteau Napoli, le club Chet Baker et la plaine.

Les hostilités ont débuté sur cette dernière avec l’agréable Big Band du conservatoire de Huy qui reprenait des standards et d’autres petits groupes lui succédèrent tout au long de la journée.
Le club Chet baker, endroit intimiste dans une vieille grange, ne désemplit pas en accueillant d’abord le Spanish Project du Michel Mainil Quartet et de la chanteuse à la voix sensuelle Lisa Rosillo.

BER_Lisa Rossilo.Spanish Project

Ce groupe a offert un plaisant répertoire hispanique associé à un très bon jazz acoustique classique. Ensuite, ce fut au tour du brillant tandem Pascal Mohy/Ben Sluijs de sévir et leurs échanges calmes ou plus élancés ont prouvé leur belle complémentarité.

Le chapiteau, quant à lui, était le lieu, en début d’après-midi, d’une surprenante et bienvenue découverte avec le Marockin’Brass. Ce groupe qui a mis une ambiance certaine est une intéressante rencontre entre cinq souffleurs, un batteur et trois percussionnistes marocains.

En toute fin de soirée, Antoine Pierre et son projet Urbex allait terminer de bien belle manière la journée.

BER_Urbex.Antoine Pierre

Le brillant batteur, dont le groupe est constitué d’énormes jeunes talents mis au service d’un collectif, présenta des compositions créatives de son excellent album mais aussi certaines toutes récentes. Vivacité, fougue mais aussi parfois atmosphère calme étaient au rendez-vous.

Mais avant cela, vers 20h, un nombreux public s’impatientait à voir et entendre ce qui fut le clou de la journée : la magnifique tête d’affiche qu’était le trio Paolo Fresu (trompette et bugle), Omar Sosa (piano et claviers) et Trilok Gurtu (percussions).

BER_Paolo Fresu

Ces trois monuments issus de trois cultures différentes (italienne, cubaine et indienne) nous ont offert un concert exceptionnel à plus d’un titre. La connivence entre ces remarquables musiciens était d’autant plus délectable que l’improvisation fut quasi omniprésente.

BER_Omar Sosa

Entre les regards complices, la présence scénique et les mimiques folles du pianiste, les échanges musicaux fusionnels ou encore la virtuosité des solos, le public s’est retrouvé bluffé, abasourdi et subjugué, tout simplement.

BER_Trilok Gurtu

Les musiciens eux-mêmes se sont pris au jeu en déclinant un rap en scat sorti de nulle part ; encouragés par des spectateurs admiratifs et eux aussi démonstratifs. Cette prestation fut, n’ayons pas peur des mots, stratosphérique et est digne de rester dans les annales du festival.

La journée du dimanche, elle aussi, allait proposer une programmation riche, électrique et métissée de grande qualité.

Même si les conditions climatiques n’étaient pas en sa faveur, cette nouvelle édition confirmait bien que ce festival reste un événement incontournable dans un bel endroit champêtre et avec une ambiance très conviviale.

Félicitations à l’équipe organisatrice et aux bénévoles qui n’ont pas ménagé leurs efforts.

Photos de Bernard Rie

A propos Pierre Gérard 65 Articles
Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz

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