La Tierra Roja de Diego Martinez Vignatti

la tierra roja affiche

La Tierra Roja

de Diego Martinez Vignatti

Drame

Avec Geert Van Rampelberg, Eugenia Raminez, Jorge Aranda

Sorti le 6 mai 2015

En Argentine, dans la région de Misiones, Pierre est gérant dans une usine à papier. En échange d’un bon salaire, les employés de Pierre doivent déverser des agro-toxiques dans les forêts et les champs. Les conséquences sont nombreuses et inévitables : contamination des eaux et des sols, maladies, malformations. Pierre, retranché dans ses certitudes, continue de déverser les produits toxiques malgré les mises en garde de son amante Ana, institutrice et militante pour les travailleurs. Très vite, Ana s’oppose radicalement à Pierre en organisant des comités pour informer les travailleurs des dangers qu’ils encourent. L’information s’ébruite et l’affaire est entendue dans tout le pays. Malgré cela, les politiques continuent de faire tourner l’usine à papier. Petit à petit, Pierre est bousculé dans ses convictions et cherche à réparer ses erreurs, ainsi qu’à retrouver sa bien-aimée. Cependant, dans un pays rongé par la mafia et la corruption, il n’est pas aussi simple de faire marche arrière.

La Tierra Roja est le quatrième long-métrage de l’Argentin Diego Martinez Vignatti. Ayant une formation atypique, Diego Martinez Vignatti a d’abord suivi un cursus d’avocat en Argentine avant de s’installer en Belgique et de s’inscrire à l’INSAS. Formé d’abord en tant que chef-opérateur, Diego Martinez Vignatti assure l’image de quelques grands films (Japon ou La Bataille du Ciel de Carlos Reygadas). Il se lance ensuite dans l’écriture d’un documentaire (Nosostros, 2003) puis de fictions (La Marea en 2007 et La Cantante de Tango en 2009), qui remportent tous un vif succès à travers le monde.

Ce quatrième film est un retour aux sources pour le réalisateur. Dans sa terre natale, il est question de dévoiler les ravages de la mondialisation dans une société où règne le capitalisme sauvage.

À travers une fiction qui, malheureusement, souffre parfois d’une tendance au mélodrame, le film a pourtant l’audace de présenter une réalité montrant les problèmes écologiques et les conséquences désastreuses de l’utilisation d’agro-toxiques. D’ailleurs, la fiction se mélange très bien à la réalité des lieux : les acteurs se fondent avec les habitants, rendant le film tangiblement palpable. Son actrice fétiche, Eugenia Raminez, est toujours aussi surprenante et forme, avec Geert Van Rampelberg, un couple attachant.

Esthétiquement, la caméra adopte des mouvements quasi documentaires pour capter les gestes fugaces et les situations difficiles : boue, vent violent, pluie battante (il est d’ailleurs aisé de s’imaginer la difficulté de tournage dans de telles conditions).

Cependant, malgré une thématique profonde et tout à fait louable, la trame narrative est bien souvent surchargée dramatiquement, à tel point qu’elle en devient dérisoire : Pierre, tantôt bourru tantôt gentil, manque cruellement d’authenticité et se range du côté du cliché ‘méchant’, puis du cliché ‘gentil’. De même, les retournements de situations s’enchaînent sans vraiment se démarquer les uns des autres, ce qui donne au film un aspect accumulatif au lieu de lui donner plus de profondeur.

Par ailleurs, le montage est très souvent arbitraire et ne laisse pas le temps au spectateur d’appréhender pleinement ce qu’il se passe à l’écran. Le montage du début du film, particulièrement, ordonne les éléments narratifs de manière chahutée et perd drastiquement de l’ampleur.

Ces différents problèmes laissent le spectateur déçu d’un film tristement rafistolé mais cependant prometteur. Les intentions du cinéaste sont néanmoins très claires sur la vision du monde qu’il cherche à donner : celle d’un homme dépassé par le monstre qu’il a créé.

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