La Deuxième Nuit, Eric Pauwels se met à nu

la deuxieme nuit poster

La Deuxième Nuit

d’Eric Pauwels

Documentaire

Sorti le 1er juin 2016

En clôturant la Trilogie de la Cabane par ce troisième documentaire intitulé La Deuxième Nuit, Eric Pauwels se met à nu, racontant son rapport avec sa mère. De longues années de travail et de réflexion ont amené le cinéaste à se livrer sur le rapport mère/enfant.

À la mort de sa mère, un cinéaste réalise un film pour voir à quel point cette disparition a changé sa vision du monde. La Deuxième Nuit raconte la relation touchante qu’Eric Pauwels a entretenue avec sa mère. La première nuit étant celle de l’accouchement, la seconde, celle de la séparation. Celle de la solitude, du froid, de la découverte d’un univers inconnu qu’il faudra explorer durant des années. Et pour Eric Pauwels, professeur à l’INSAS, il lui faudra des années de séparation pour devenir l’homme qu’il est aujourd’hui. Et cette liberté d’être qui il l’est, c’est à sa mère qu’il le doit.

À travers ce récit d’une vie, l’auteur souhaiterait que le spectateur se retrouve dans cette séparation, cette rupture avec la mère pour se découvrir, évoluer, devenir soi. Celle de la seconde naissance lorsque la mère pousse ses enfants à être eux-mêmes plutôt que d’être soumis à la vie, au destin. En donnant la vie, la mère condamne à mort ses enfants, les emprisonnant dans une vie faite de souffrances mais aussi de joies. Les invitant dans un long voyage qui se terminera en fanfare.

Et en effet, le voyage fut long. Si l’on reconnait la réalisation volontairement artisanale d’Eric Pauwels avec le long et beau travail qu’a nécessité ce documentaire, La Deuxième Nuit donne des impressions de narcissisme pur (assumé ?), un travail à la réflexion complexe sur une histoire personnelle. Peut-être trop personnelle qu’il aurait fallu amener autrement. Certes l’hommage à sa mère à travers la parole d’Eric Pauwels reste très touchant mais difficile de s’attacher à cette histoire lorsque la narration tourne plus ou moins en boucle sur la mise au monde de l’enfant, de la vie de famille du cinéaste. Ce dernier semble décrédibiliser son documentaire qui devient quelque peu ennuyeux. Et ce, malgré un grand potentiel puisque le sujet aurait pu être tourné vers LA Femme. Le point de vue narcissique de l’auteur prend le pas sur le sujet principal. Eric Pauwels, croyant nous transmettre ses émotions, nous montre d’une manière égocentré l’histoire de sa mère qui fini par nous agacer, voire nous ennuyer.

Le sujet et la tournure de ce documentaire méritaient sans doute un autre sort, notamment dans le traitement narratif. Un scénario réalisé sous forme de fiction aurait pu en faire un bon film.

A propos Raphaëlle McAngus 49 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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