La Crème de la Crème de Kim Chapiron

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La Crème de la Crème

de Kim Chapiron

Comédie dramatique

Avec Thomas Blumenthal, Alice Isaaz, Jean-Baptiste Lafarge

Sorti le 9 avril 2014

Critique :

Dan, Kelly et Louis sont trois étudiants d’une des « meilleurs business school d’Europe ». Voulant aider leur ami Jaffar à coucher avec des filles, Dan et Kelly vont adapter leurs cours d’économie aux relations hommes-femmes, ce qui débouchera sur la création d’un réseau de prostitution au sein de leur établissement. Le principe est simple : payer de jeunes et jolies filles des milieux populaires pour qu’elles passent une soirée avec des jeunes hommes de l’école. Une fois vus aux bras de jolies filles, la cote des garçons de l’école montera, et ils pourront alors coucher avec n’importe quelle fille de leur école. Dans leur entreprise, Dan et Kelly vont être poussés et accompagnés par Louis, le gosse de riche par excellence, le genre de mec déjà inscrit dans cette école dès l’acte de sa conception. La future élite pourra-t-elle tout se permettre pour arriver à ses fins ?

Kim Chapiron (Sheitan, Dog Pounds) signe ici son troisième film. Le style Kourtrajmé y est d’ailleurs bien visible, de la B.O., aux clins d’œil en passant par l’équipe technique. Mouloud Achour en DJ – en référence à Sheitan – Justice aux platines, et surtout la volonté que chaque spectateur puisse retirer ce qu’il veut du film.


Je ne vais pas vous mentir, le film m’a fait rire. Les acteurs sont plutôt bons, les actrices sont plutôt bonnes, il y a une bonne dose de chansons françaises comme je les aime et le film est plutôt bien rythmé. Dans le film, on ne voit pas les cours, mais comme le justifie bien son réalisateur dans la bouche de Dan « Personne n’est là pour aller en cours, on est là pour networker ».


Seulement, une fois dépassées ces scènes de fêtes alcoolisées, cette adaptation des lois du marché à celui du sexe, la distinction sociale qui s’opère entre les personnes prises sur dossier et celles qui ont fait une prépa, et les phrases telles que « tu veux faire quoi, une thèse ? ça ne sert pas à baiser », le film sonne creux. Certes, on pourra se contenter d’un moment agréable au cinéma mais, au vu du sujet, cela est tout de même très dommage.

Ce qui est dommage, c’est qu’à l’instar d’un Romain Gravas (réalisateur de Notre jour viendra et réalisateur seconde équipe sur ce film-ci), Kim Chapiron fait des films soi-disant neutres, seulement cela ne peut d’après moi pas fonctionner. Les phrases un peu critiques du film peuvent être prises dans les deux sens, les tentatives de description des phénomènes de distinction et de reproduction sociale sont plus que légères, les personnages sont au bout du compte un peu « tartes » et le film n’arrive, pour ces raisons, pas à passionner réellement. Car à ne pas vouloir se positionner, on en devient mou. Et je préfère mille fois le point de vue américanisant et outrancier mais totalement assumé d’un James Cameron qu’une prétendue neutralité. Car pas de point de vue, cela n’existe pas. De plus, donner un point de vue ne signifie pas forcément que l’on se positionne derrière ce point de vue.


Pendant que j’y suis, il faudrait réellement arrêter de dire que La Crème de la Crème est un film de campus à la française puisqu’une grande école n’a par définition, rien d’une université.

En résumé, c’est un moment agréable à passer entre potes, pour découvrir ce que signifie faire la fête dans des écoles de commerce des années 2010, avec un choix de musiques facile mais efficace et une musique originale composée par l’excellent jazzman Ibrahim Maalouf. En revanche, n’y allez surtout pas vous y forger une opinion sur le sujet ou voir LE film de jeune de l’année.

 

A propos Baptiste Rol 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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