Knight of Cups : long, ésotérique, insondable

knight of cup poster

Knight of Cups

de Terrence Malick

Drame

Avec Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett

Sorti le 16 septembre 2015

Rick (Christian Bale), scénariste hollywoodien, est à la quête de sens existentiel. Les filles qu’il côtoie sont jolies, minces et tristes, les villas et palaces qu’il occupe sont d’un luxe inouï. Mais Rick est malheureux – nauséeux, plutôt.

La réalisation aimerait que nous le suivions : emploi de fish-eye, montage abrupte, caméra à l’épaule. L’estomac du spectateur, à l’image des pensées du protagoniste, se retourne souvent.

Le film de Malick est un taudis. Les voix-off du père de Rick, de son frère ultra-violent, de ses femmes dépressives s’entremêlent. Nous ne savons plus qui est qui, sortons du films déçus, malades, à ressasser les chefs-d’œuvre du réalisateur.

Puis nous reviennent des images de Knight of Cups. À l’écran : Los Angeles grouillant, pollué, sale, s’effaçant, de façon radicale, pour laisser place à un long travelling dans le désert silencieux, d’une beauté saisissante. Nous pensons ensuite à ce scénariste qui ne parle jamais, qui trouve son salut dans le sexe et l’absurde. Un homme qui se cherche au mauvais endroit : dans le scandale et l’ivresse, dans la parure et la volupté. Or, semble nous dire Malick, le berceau de l’homme, c’est la nature, c’est le silence.

Knight of Cups est long, ésotérique, insondable. Il est de notre responsabilité de spectateur de lui donner du sens. Nombreux seront ceux qui abandonneront : l’entreprise nécessite énergie et patience. Pour ceux qui se laisseront guider, laissez votre jugement et votre bon sens à l’étage pop-corn et sodas. Après le film marchez, silencieux, le long d’un boulevard bruyant. La clé de l’ambition malickienne s’y  trouve peut-être : le spectateur, actif, impliqué physiquement, devient membre de l’œuvre.

Cette mosaïque d’instants de vie entremêlés et chaotiques est dépourvue de climax, de résolution, de troisième acte, comme si la vie du scénariste n’avait aucune structure narrative. Intellectuellement, cela se tient. Esthétiquement, l’image du mexicain Emmanuel Lubezki (Gravity, Birdman) est toujours aussi magistrale, mais la curiosité fait place, dès la seconde demi-heure du film, à la répétition, géniale ou pathétique, des interrogations et moments de vie d’un personnage pour qui nous éprouvons peu d’empathie.

Tirons notre référence, cependant, pour la danse des images et l’impact de l’exercice de la mise en scène sur le corps et l’esprit.

A propos D. T. 11 Articles
Journaliste du Suricate Magazine